La communauté française des affaires va-t-elle investir massivement dans le marché algérien? Le Medef, qui regroupe la corporation des patrons français, sera, à partir d'aujourd'hui presque au complet à Alger. Représentant plus de 85 chefs d'entreprises de l'Hexagone, le regroupement débattra, pendant deux jours, à l'occasion d'un séminaire, avec ses vis-à-vis (300 partenaires) et autres responsables algériens de l'économie nationale, des possibilités de relance et d'impulsion des investissements français en Algérie. Sur fond de contexte commercial international acharné pour la conquête de parts de marché dans le monde et où la compétition entre les entreprises occidentales, notamment les multinationales ne s'est jamais démentie, la présence des principaux opérateurs économiques de France en Algérie se veut, en fait, une tentative de ce pays de rattraper le retard pris par les entreprises et autres grands groupes industriels et financiers français dans la pénétration du marché algérien par rapport à ses concurrents américains ou asiatiques. Il faut dire qu'une fois la donne sécuritaire maîtrisée ou du moins confinée à un seuil tolérable, et les grandes options de la politique économique algérienne définies à travers l'ouverture tous azimuts et la libéralisation sans frein du marché algérien, les investisseurs français ne pouvaient que suivre le courant de leurs adversaires amorcé quel-ques années auparavant ou à défaut se retrouver complètement à la traîne de ceux qui ont conquis le marché algérien. Soutenues officiellement et donc politiquement par la présence du ministre délégué français au Commerce extérieur, M.François Loos, qui, dans une note de presse de ses services rendue publique à la veille de sa venue à Alger, n'a pas hésité à clamer que «le moment d'un nouveau partenariat économique entre l'Algérie, la France et l'Europe est venu», ces rencontres algéro-françaises des chefs d'entreprise visent, selon M.Loos, à «donner un signal fort» aux entreprises françaises. Faut-il mentionner que la visite du responsable adjoint du commerce extérieur de l'Hexagone à Alger intervient quelques jours seulement après celle, fort remarquée d'ailleurs, de son homologue américain, Samuel W.Bodman, sous-secrétaire du département US du commerce? Fait significatif, le ministre français participera aux côtés du président du Comité Algérie et du Medef, M.Yves Thibault, et du Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, à l'inauguration de ces journées de coopération algéro-françaises. Ce séminaire se tient d'ailleurs à l'initiative du chef de l'Etat algérien qui, lors de sa dernière visite, à Paris, avait fortement incité les entrepreneurs locaux de tous les secteurs d'activité économique à investir en Algérie compte tenu du potentiel économique du pays, de l'ouverture de l'économie algérienne sous son impulsion et du vaste programme économique qu'il a lancé. Première du genre qui se tient à Alger, l'importance de cette rencontre que le Medef organise pour la première fois avec un pays émergent a été soulignée dans la capitale française tant du côté gouvernemental qu'auprès du patronat français. Concrètement, la rencontre qui vise à encourager et à accélérer l'investissement français en Algérie - encore faible, environ 600 millions d'euros cumulés pour 2001-2002 - s'articulera autour de deux ateliers majeurs. Le premier est relatif à l'investissement en Algérie et abordera des thèmes portant sur l'environnement économique, le cadre réglementaire et fiscal, la privatisation, le partenariat public-privé, la sous-traitance et l'ouverture à l'international. Le second traitera de l'environnement des affaires et abordera les questions inhérentes à la mise en place des réseaux commerciaux en Algérie, aux services et maintenance, à l'installation des grandes surfaces, à la réglementation à l'importation, au tarif douanier, à l'économie informelle, aux obstacles à la concurrence, au financement et au transfert. Des thèmes aussi importants que le partenariat et les services financiers (banques et assurances) feront aussi l'objet d'ateliers spécifiques. En tout cas, pas moins de 14 secteurs d'activité sont d'ores et déjà identifiés. Ils seront ainsi que d'autres durant deux jours au centre de tous les débats des participants. C'est dire qu'en ces temps d'essoufflement de la croissance économique en Europe et aux Etats-Unis, l'attractivité du marché algérien ne fait plus l'ombre d'un doute.