La mixité, finalement, sera tolérée dans les bureaux de vote. Après avoir nourri la polémique en exigeant des partis la nomination d'un personnel exclusivement féminin afin d'assurer le contrôle au niveau des bureaux de vote réservés aux femmes, le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales est revenu hier sur sa décision, en instruisant les autorités locales en charge des opérations électorales de «tolérer» la présence d'hommes représentant les partis au sein des bureaux de vote destinés aux femmes. Le dernier délai pour présenter les listes des surveillants a été fixé au 2 octobre 2002, pour dire que les partis en course n'avaient ni les moyens, ni le temps de répondre aux exigences de l'Intérieur. La mesure a été prise, explique le communiqué du ministère, pour palier au manque de personnel féminin au sein des partis. L'Intérieur ajoute que «la quasi-majorité» des partis politiques engagés dans le prochain scrutin ont déclaré être dans l'impossibilité de mobiliser suffisamment de militantes ou de sympathisantes pour les représenter dans les bureaux de vote. Il faut dire que le mémorandum «sexiste» du département de Zerhouni n'a pas laissé les partis indifférents, ni la Commission nationale pour la surveillance des élections locales (Cpnsel) d'ailleurs, puisque cette dernière avait prévu de se réunir aujourd'hui pour trouver une solution à ce «problème». Le coordinateur de la Cpnsel, M.Saïd Bouchaïr, avait déjà déclaré la veille que plusieurs formations politiques avaient fait part de leurs difficultés à trouver des femmes pour assurer cette mission, notamment en zone rurale, et qu'il attendait une réponse du ministère à cette question. Le mémorandum était en tout état de cause, contraire aux dispositions de la loi électorale qui n'exprime pas d'exigences de ce genre concernant les surveillants au niveau des bureaux de vote, c'est du moins ce qu'affirment tous les partis qui étaient mis au pied du mur à dix jours de l'échéance électorale du 10 octobre. Contacté à ce propos, le Dr.Khelifi membre du bureau national du FLN, estime que «jamais la loi électorale n'a porté une telle exigence sexiste concernant les surveillants des bureaux de vote». Pour lui, les listes des surveillants FLN seront prêtes avant mercredi en respect total de la législation en vigueur. «Ce seront des surveillants qui appartiennent à la base militante du parti», soutiendra-t-il. Le MSP a, de son côté, estimé que «l'administration joue avec les lois en les manipulant à sa guise». Au terme d'une réunion de son bureau national exécutif, le parti n'a pas manqué l'occasion d'appeler l'administration «à respecter la loi et à s'éloigner de toutes les ruses et manoeuvres susceptibles de dissuader les citoyens à aller voter». Pour le PT, il était prévisible que le mémorandum du ministère de l'Intérieur, soit retiré puisque la loi est claire et ne pouvait donc être aussi simplement détournée. En revanche le PT appréhende le spectre de l'abstention, «les 54 % d'abstentionnistes lors des dernières législatives s'apparentent à un séisme politique, le citoyen n'y croit plus», nous dit-on du côté du PT. Pour la formation de Louisa Hanoune, le changement est une condition nécessaire et sine qua non pour insuffler de nouveau l'espoir aux citoyens. Un changement qui passe irrémédiablement par l'arrêt des licenciements et du processus de la privatisation.