Plus qu'une distinction, ce prix vient couronner un esprit, une légende, une vie toute entière consacrée à l'écriture et au dévouement pour son pays. Après l'écrivain Tahar Ouettar, disparu récemment, distingué en 2005, suivi de Athman Saâdi, Zhour Ounissi et le docteur et romancier Amine Zaoui l'an dernier, le prix la Plume d'or est revenu cette année à l'écrivain et penseur Mohamed Salah Sedik. Cette soirée dédiée à cet homme surnommé El Djahid d'Algérie, a été rehaussée par la présence du secrétaire général du FLN et représentant personnel du chef de l'Etat, Abdelaziz Belkhadem, de Amine Zaoui, sa femme l'écrivaine Rabia Djalti, l'ex-ministre de l'Information Lamine Bechichi et des membres de partis politiques et des intellectuels algériens. Aussi, en prélude à cette soirée dédiée à Tahar Ouettar et au colonel Bentobal notamment, qui nous ont quittés depuis peu, c'est par une lecture du Coran que la cérémonie a été inaugurée devant une assistance nombreuse. Dans un cadre solennel, le président de l'APC de Sidi M'hamed, Mokhtar Bourouina, fera l'éloge dans son allocation d'ouverture, au talentueux Mohamed Salah Sedik engagé dans la lutte pour le verbe et la pensée, amoureux de son pays et attaché qu'il est à sa religion et sa nation. Il rappellera son long et riche parcours doublé de militant invétéré pour l'indépendance de l'Algérie. «Il est fier de son algérianité et son amazighité, à la foi inébranlable en Dieu tout en étant jaloux pour les constantes de sa nation...» Interrogé suite à cette distinction, Mohamed Salah Sedik nous confie. «Cette reconnaissance, je la considère comme un facteur d'encouragement. Cela veut dire que celui qui est honoré devra doubler d'effort et poursuivre son chemin et moi, en plus du long chemin que j'ai parcouru dans ma vie, cette distinction m'insuffle de l'énergie pour continuer à travailler davantage avec plus d'envie possible afin de poursuivre ma voie dans l'écriture, dans tous les domaines littéraire et scientifique, Inchallah.» A propos des jeunes, M.Sedik leur conseille trois choses à savoir: «La foi juste, une forte détermination et l'amour de son pays.» «Ils ne doivent compter sur personne. Et travailler sans relâche!» Et l'ex-directeur de la Bibliothèque nationale, Amine Zaoui, de nous faire remarquer: «Tout d'abord toutes mes félicitations pour notre Cheikh Mohamed Salah Sedik pour cette décoration la Plume d'or. Je pense que Mohamed Salah Sedik est une bibliothèque. Il a plus de 110 oeuvres. Il a travaillé sur les intellectuels, mais aussi sur l'histoire de l'Algérie et sa culture. Je pense qu'il a été, en quelque sorte, marginalisé malgré ses activités continues dans la presse algérienne, mais il n'était pas très visible sur le plan intellectuel et médiatique. Je pense que Mohamed Salah Sedik mérite cette distinction. C'est le meilleur cheikh par sa plume en langue arabe. C'est une plume littéraire très pointue. Par ce prix, ce soir nous célébrons la première génération des ouléma en Algérie. Félicitations pour lui, en même temps, je remercie l'APC de Sid M'hamed d'avoir pensé à Mohamed Salah Sedik.» Sedik Mohamed Salah est né le 19 décembre 1925 à Azazga. Son père était imam. A l'âge de 14 ans il se met à la poésie. De son vrai nom Aït Sedik Mohamed Salah, c'est son professeur Ahmed Ledjridi qui lui suggéra, lors d'un cours de rhétorique, de prendre cette appellation en 1947, alors qu'il étudiait à la Zitouna de Tunis. En effet, après des études à la zaouïa d'El Illouli, il rejoint la prestigieuse université de la Zitouna à Tunis, d'où il en sort diplômé. Sedik y passera cinq ans tout en s'initiant à la presse, en signant régulièrement une chronique intitulée Saout etaleb Ezitouni et en participant activement dans la revue L'Inspiration de la jeunesse. A 25 ans, un écrivain est né. Il est déjà l'auteur d'un ouvrage de quatre tomes, Les Ecrivains accomplis. Sedik retourne en 1951 en Kabylie où il enseigne à la zaouïa fréquentée par 350 élèves. Il ouvrira une bibliothèque et y donnera des conférences. Au déclenchement de la Révolution, il est sollicité par les chefs de l'insurrection et sera chargé de certaines missions qu'il accomplira clandestinement, tout en continuant à exercer à la zaouïa. Démasqué, il est sous surveillance. Il ira en France en 1956 puis ralliera la Tunisie, puis la Libye où il est commissaire politique. Sedik a été rédacteur à La Résistance, journal du Front animé par Cheriet, Bechichi, El Mili, Malek, Fanon. Il est rédacteur dans la revue de l'Algérie combattante, résistance algérienne. A l'Indépendance, après un court intermède aux Affaires étrangères, il sera enseignant dans différents lycées d'Alger dont Abane-Ramdane d'El Harrach, au lycée Ibn Khaldoun et au lycée des Frères Hamia à Kouba. Son destin croisera, en 1980, celui de son ami Abderahmane Chibane, promu ministre des Affaires religieuses, qui le nommera chargé du patrimoine et de la restauration des vestiges. En 1997, Sedik se retire du ministère pour se consacrer à l'écriture. Auteur prolifique, Sedik a, à son actif, 104 livres. Emouvante la remise du tableau l'honorant suivie de celle du bournous; c'est sous des youyous nourris que cet homme a été décoré. Plus qu'une distinction, ce prix vient couronner un esprit, une légende, une vie toute entière consacrée à l'écriture et au dévouement pour son pays.