Dix mille nouveaux étudiants vont rejoindre les amphithéâtres de l'université Abderrahmane-Mira de Béjaïa à partir de la rentrée prochaine. Il s'ajoutent aux 36.000 déjà inscrits et hébergés dans cette institution qui a connu une évolution si rapide au point de constituer chaque année un casse-tête chinois pour les autorités. Il fallait, en effet, trouver à chaque fois des places pédagogiques et des lits. C'est le cas cette année. L'université de Béjaïa n'a pas les capacités pour faire face au très grand nombre de nouveaux inscrits. Le premier signe est venu de ce décalage de la rentrée à octobre. La seule alternative devant le retard qu'enregistre la réalisation des nouvelles infrastructures pédagogiques. Il s'agit de 4250 nouvelles places pédagogiques qui devaient être opérationnelles dès la rentrée. Les neuf amphithéâtres et deux blocs d'enseignement de 1000 places chacun ne sont pas près d'être fonctionnels. Il en est de même pour d'autres projets dont un restaurant, des bureaux pour les enseignants et un bloc de gestion de la scolarité. Bref, beaucoup reste à faire. Et le constat amer a été fait lors d'une visite d'inspection du chef de l'exécutif dès son retour de congé. La rentrée est compromise. Les responsables concernés l'appréhendent. Ils redoutent présentement l'année noire que cette institution a déjà connu par le passé. La politique que l'université de Béjaïa a connue depuis l'année 2000 s'est soldée par la démultiplication du nombre d'étudiants. Alors qu'elle ne comptait que 6 à 8000 étudiants en 2000, elle comptera dès la rentrée prochaine quelque 46.000 étudiants. En dix ans seulement d'existence, l'université de Béjaïa a su faire parler d'elle dans pratiquement tous les domaines tant négatifs que positifs. Il est inutile d'entrer dans les détails. L'université de Béjaïa ressemble un peu à l'Ecole algérienne qui a beaucoup plus misé sur le quantitatif que sur le qualitatif. La preuve est à trouver chez les étudiants sortants qui, eux-mêmes, reconnaissent cette insuffisance dans la formation. Les entreprises qui les reçoivent pour les stages pratiques se rendent vite compte de cette réalité. Cependant, il ne faut pas généraliser. Il faut juste se rendre compte que la qualité est aussi importante que la quantité dans la réputation d'une institution. Si aujourd'hui on appréhende chaque rentrée universitaire, c'est en raison de cette politique quantitative menée tambour battant depuis dix ans.