Le départ de Boualem Benhamouda du secrétariat général du FLN et la réaffirmation de la position de Ahmed Ouyahia à la tête du RND ouvrent la voie à un recentrage de la décision politique au plus haut niveau de l'Etat. La dernière apparition de Benhamouda en tant que SG aura lieu aujourd'hui, à l'occasion de la réunion du bureau politique du parti. Jeudi prochain, Benflis prendra ses nouvelles fonctions à la tête du FLN. Des sources proches du vieux parti annoncent que le changement ne sera pas limité au poste de secrétaire général, il sera profond. C'est ainsi qu'on s'attend à un véritable chamboulement au sein du BP, avec, affirme-t-on, de nombreux départs. L'objectif poursuivi est d'aboutir à un rajeunissement à hauteur de 70% de la direction du FLN, qui aura pour mission de redynamiser une formation qui a perdu de sa superbe depuis l'aventurisme d'un Benhamouda qui l'a menée à un cul-de-sac. Le soutien du bout des lèvres qu'il a apporté à la candidature de Bouteflika à la présidence s'est traduit, une année après l'élection du chef de l'Etat, en une opposition stérile qui a porté préjudice au parti. Au lendemain de l'annonce par le chef de l'Etat des réformes de la Justice, de l'Education et des structures de l'Etat, les premières fissures ont apparu dans l'édifice de la coalition au pouvoir. L'unanimité réalisée autour de Bouteflika à l'occasion de son projet de concorde civile a laissé place à une lutte sourde, par meetings et déclarations de presse interposés, autour du projet de société. Cependant, si la virulence du discours islamiste était attendue par les observateurs, l'attitude de la direction du FLN qui, par la voie de son secrétaire général, a carrément pris la tête de la «protesta» anti-Bouteflika. Benhamouda n'a pas hésité à charger le chef de l'Etat sur son utilisation de la langue française et sur les voyages à l'étranger qu'il a qualifiés de trop nombreux et contre-productifs. L'opposition de Benhamouda a pris une dimension nouvelle, lorsque c'est la philosophie de la démarche présidentielle qui est prise à partie. C'est ainsi qu'il a publiquement affiché son aversion au contenu du rapport de la Commission nationale de la réforme du système éducatif (Cnrse), accusant la composante humaine de ladite commission de faire partie d'une extrême minorité de laïcs qui se trouve être au centre de décision. En fait, le SG du FLN a développé un discours à contre-courant de la démarche présidentielle, donnant par la même occasion de la voix aux islamistes qui n'en attendaient pas plus pour faire sérieusement pression sur le Président de la République. Face à ce discours de franche opposition à Bouteflika, le RND, l'autre pilier du pouvoir, s'est clairement positionné à l'opposé des thèses défendues par Benhamouda. Il en a résulté un «chahut» au sommet et une lutte intestine au sein des deux formations entre modernistes et conservateurs. La démission du SG du FLN est un signe d'une victoire du courant moderniste représenté par Benflis. Il y a donc lieu de s'attendre à un recentrage du discours du parti sur les questions des réformes.