Une mobilisation populaire exceptionnelle a été observée, hier, au tribunal d'Akbou qui n'a pas connu pareille affluence depuis les événements du Printemps noir en 2001. Arrêtés la semaine dernière pour non-observance du jeûne, un restaurateur, placé depuis sous mandat de dépôt et 11 de ses consommateurs ont été présentés hier matin, devant le juge du tribunal d'Akbou duquel dépend territorialement la ville d'Ouzellaguen, lieu de leur arrestation et de leur résidence. Les mis en cause étaient poursuivis pour n'avoir pas observé le jeûne du Ramadhan. Ce qui est considéré comme une «atteinte aux valeurs de l'Islam». Le juge n'a même pas écouté les prévenus. Il s'est juste contenté de lire l'acte d'accusation avant de prononcer le report du procès au 8 novembre prochain. Même le restaurateur, qui était placé sous mandat de dépôt le jour de son arrestation par le procureur de la République a retrouvé hier, une liberté provisoire au même titre que ses clients. Sans doute, le tribunal d'Akbou n'a jamais connu une telle affluence depuis sa réouverture, il y a de années après le saccage qu'il a connu dans le sillage des évènements sanglants du Printemps noir de 2001 en Kabylie. Des représentants de la société civile, des partis et organisations politiques étaient au rendez-vous de ce procès qui ne ressemble pas aux autres. Des citoyens de la République devaient être jugés pour s'être restaurés dans un lieu fermé pendant la période de jeûne. Un procès que d'aucuns jugent en contradiction avec la première loi du pays. Les avis recueillis sur les lieux relevaient, tous en effet ce que la Constitution algérienne garantissait, la liberté de culte et les libertés individuelles. Mais pour ce cas et sans doute celui de Aïn El Hammam dans la wilaya de Tizi Ouzou, on s'est appuyé sur l'article 144 bis du Code pénal, qui stipule que tout individu qui porte atteinte aux préceptes de l'Islam par des écrits, des dessins ou tout autre moyen est passible de 3 à 5 ans de prison. La mobilisation citoyenne pour soutenir les prévenus était donc une réalité qui n'a pas été sans conséquence sur la suite des événements. Le juge prononce un ajournement et le restaurateur retrouve sa famille. Le report était prévisible face à l'affluence du jour. Tente-t-on de calmer le jeu? Veut-on éviter le débat sur cette question cruciale? Autant de questions qui étaient posées hier par les présents à ce procès. Des questions qui trouveront réponse dans un peu plus d'un mois puisque les mis en cause se présenteront une nouvelle fois à la barre. Ce jour-là il y aura peut-être débat sur cette question qui revient chaque année. Un comité pour la défense des libertés individuelles a été d'ailleurs lancé cette année à la veille du début du mois sacré. Une initiative qui se voulait un moyen de prévoir ce cas de figure.