«Ce qui m'intéresse est de manipuler la matière et trouver mes couleurs», nous a confié cette jeune demoiselle âgée d'à peine 13 ans. Ses livres de chevet s'appellent Cézanne, Vincent Willem Van Gogh, Monet et Manet mais aussi Renoir et Jackson, Pollock. Vous l'aurez compris, la peinture est sa passion. Elle, c'est Inès Rachedi, une jeune artiste en herbe âgée d'à peine 13 ans qui nous vient d'Oran. Une vingtaine de tableaux de cette jeune artiste ornaient dimanche dernier, les cimaises de la librairie Socrate News lors de la soirée de clôture des rencontres les Milles et Une News. Présente à cette Fête de la culture, Inès qui était accompagnée de sa maman et d'autres membres de sa famille, arborait une allure toute fragile d'une enfant ordinaire. Et pourtant comme dirait l'adage: «Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années.» Ni timide ni intimidée par nos questions, Inès parle de sa passion avec une simplicité déconcertante. Sa maman nous apprend qu'elle peint depuis l'âge de 8 ans. Sa grande soeur, avant elle, faisait de la peinture mais n'a pas persévéré, par contre, Inès a été contaminée par le virus. Depuis, elle tend à développer son art en s'adonnant à fond dans ce qu'elle fait. «Je prends des cours particuliers à la maison. Ça m'aide dans mes études», nous-a t-elle confié lors de cette exposition, la première de sa vie. «Je me suis orientée vers la peinture depuis mon jeune âge. C'est une passion, j'aime bien les couleurs, la texture, la matière. Au début j'ai commencé à peindre toute seule, mais il me fallait une base, j'ai un professeur qui vient chez moi à la maison, dans mon atelier. J'ai une chambre spéciale, car cela m'aide dans mes études.» En effet, soucieux de lui apporter toute l'aide nécessaire pour développer cet art et son loisir, ses parents lui ont aménagé un atelier et lui paient des cours de peinture. Une fois par semaine, Inès reçoit un enseignant artiste-peintre qui lui apprend les rudiments de la peinture et la fait voyager à travers son univers bigarré. «C'est notre chambre d'amis. J'y ai mis un bureau et un chevalet.» Inès avoue avoir une tante peintre, une touche-à-tout. Elle fait de la peinture sur verre et sur tissu. «Cela m'a fasciné au début. Elle m'a un peu influencé». Ses prédilections? «J'aime le figuratif et l'abstrait aussi, car ça donne libre cours à mon imagination, je peux m'exprimer à travers mes couleurs. Les formes et la matière aussi. Ce que j'aime dans la peinture, c'est surtout la matière. J'aime bien rechercher des teintes à moi dans ma palette et les mélanger.» En somme, manipuler les couleurs, les fusionner, c'est ce qu'elle aime. Que voudra-t-elle faire plus tard? Une carrière dans les beaux-arts? «J'ai envie de faire de l'architecture, c'est aussi l'une de mes passions. Et puis fusionner avec de la peinture...» Aujourd'hui, Inès Rachedi, haute comme trois pommes, rentre en troisième année «collège». A travers la peinture dit-elle «je veux exprimer ce que j'ai dans le coeur et ce que je n'arrive pas à dire». Une maturité surprenante pour cette adolescente dont les tableaux rivalisent de beauté et de maîtrise technique. Comme quoi, il suffit d'assister ses enfants et les aider à faire éclore sinon à faire pousser leur graine créatrice pour qu'un jour on voie naître un véritable artiste à part entière! «A huit ans, elle commençait à faire des choses avec de la peinture à l'eau. A 10 ans, on l' a mise chez une artiste-peintre à Oran, il y a trois ans on a pris carrément un enseignant artiste- peintre à la maison, pour lui donner des cours une fois par semaine, car cela l'intéressait beaucoup. On lui a aménagé l'espace, elle a très vite voulu faire de la peinture à l'huile. Sa soeur prenait aussi des cours, mais était moins motivée que sa soeur aînée. C'est vraiment son envie de faire de la peinture. Je pense qu'elle fera plus tard ce qui l'a passionne, c‘est-à-dire de l'architecture aussi, mais une grande école d'art», note sa mère. Des portraits, de la peinture abstraite, la Casbah et ses ruelles, des couleurs chaudes et parfois sombres, de la nature morte et des fruits, et enfin de la perspective, on y trouve de tout dans les tableaux d'Inès qui semble chercher encore sa voie picturale. Normal, elle n'a que 13 ans. Et un parcours riche et prometteur devant elle.