Les Palestiniens ne vont pas se retirer des négociations, estimant que les Etats-Unis s'assureraient d'en éviter l'échec. Passé le faste de la reprise solennelle des négociations à Washington, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et le dirigeant palestinien, Mahmoud Abbas, se retrouvent demain pour des discussions qui devraient permettre de sonder le sérieux de leurs intentions. Mais cette nouvelle session de négociations, à Charm el-Cheikh (Egypte), en présence de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, risque d'être minée par le contentieux sur le gel de la colonisation alors que les deux parties ne sont même pas parvenues à s'entendre sur un ordre du jour, selon les médias israéliens citant des sources gouvernementales. Les Palestiniens ont d'ores et déjà prévenu que la fin du moratoire de dix mois des constructions dans les colonies, qui expire le 26 septembre, signifierait la fin du dialogue direct. Le président américain, Barack Obama, a reconnu vendredi que le chemin à parcourir vers un règlement de paix serait semé d'embûches. Afin d'en déjouer une première, il a révélé avoir dit à M.Netanyahu que tant que les pourparlers allaient dans la bonne direction, cela avait du sens de prolonger le moratoire de la colonisation juive en Cisjordanie. Le bureau du Premier ministre en Israël n'a pas réagi, mais un haut responsable cité par la radio publique a estimé qu'Israël avait déjà payé un prix (en déclarant un moratoire) et qu'on ne pouvait lui demander de payer à nouveau. Le gouvernement est divisé sur la question: l'aile la plus à droite, composée des représentants des partis religieux, du parti Israël Beiteinou du ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman, et de plusieurs ministres du parti Likoud de Netanyahu, s'oppose à tout gel. «Nous ne resterons pas dans un gouvernement prolongeant le gel et notre départ pourrait entraîner l'effondrement de toute la coalition», a prévenu le député Zvouloun Orlev, du petit parti nationaliste religieux Baït Yehudi. A l'inverse, le Parti travailliste (13 sièges seulement) est en faveur de la prolongation du moratoire. Le Premier ministre, soucieux de ménager l'aile ultranationaliste de sa coalition, a affirmé dans un premier temps ne pas envisager de prolonger le moratoire, mais récemment il s'est abstenu de prendre publiquement position. Des responsables israéliens ont laissé entendre que certaines restrictions à la construction pourraient être maintenues de facto du moment qu'elles ne concernent que les colonies isolées et pas des blocs de colonies. Les Palestiniens considèrent que l'installation depuis 1967 d'un demi-million d'Israéliens en Cisjordanie occupée empêche la constitution d'un Etat palestinien viable et disposant d'une continuité territoriale. Le désaccord porte également sur l'ordre du jour. Selon des sources gouvernementales israéliennes, M.Netanyahu veut aborder d'emblée la question de la reconnaissance d'Israël comme l'Etat du peuple juif par les Palestiniens, qui s'y opposent. Netanyahu a jugé que le succès des pourparlers passait par des formules nouvelles, alors que les responsables palestiniens ont répété à maintes reprises que les contours d'un accord de paix étaient connus et que l'heure n'était plus aux négociations mais aux décisions. Ces négociations ont été lancées et il est impossible de s'en retirer, a, par ailleurs, estimé sous le couvert de l'anonymat un autre haut responsable palestinien, ajoutant que les Etats-Unis s'assureraient d'en éviter l'effondrement total. Israël a rejeté une proposition d'une visite de cinq ministres de l'UE qui entendaient arriver jeudi, afin d'éviter des pressions européennes en vue de prolonger le moratoire. La délégation devait comprendre les ministres des Affaires étrangères français, espagnol, britannique, italien et allemand.