14 ans après, la société algérienne vit dans la grisaille d'une crise sociale qui va crescendo. La violence a succédé à l'espoir. Octobre 88, une génération d'Algériens au bord du désespoir descend dans la rue pour mourir ou mieux vivre. Conséquence, plusieurs centaines de morts, des milliers de blessés, des arrestations en masse et...des promesses. Quatorze ans après, la société algérienne vit dans la grisaille d'une crise sociale qui va crescendo. Les chiffres sont là, parlants et cruels: 12 millions d'Algériens vivent en dessous du seuil de pauvreté, environ un tiers de la population totale du pays. A cela, vient s'ajouter le triste bilan du chômage: 2,3 millions de chômeurs sur une population active évaluée à 9,38 millions en 1997, portant le taux de chômage au-dessus de la barre des 20%. De plus, la sécheresse qui sévit dans le pays depuis plus de deux ans, entraînant de graves pénuries en eau potable, n'arrange rien. Plusieurs régions du pays ont manifesté leur mécontentement par de violentes manifestations de colère. La génération d'Octobre 88 a payé un lourd tribut pour une Algérie meilleure. L'Aspiration n'est, pour beaucoup aujourd'hui, qu'une vaine utopie. Pis encore, c'est la violence qui a succédé à l'espoir. Durant les dix années qui ont suivi le multipartisme, plus de 150.000 morts, des disparus, des traumatisés à vie... Est-ce sur cela que se construira l'Algérie de demain ? Les jeunes d'Octobre 1988 ont rêvé de travail, de logement, de considération, de dignité...on leur a offert une cinquantaine de formations politiques, les injonctions du FMI, les compressions de personnels, le terrorisme, moins d'emplois et l'état de siège pour mieux bâillonner les voix qui aspiraient à crier de nouveau leur colère. Aujourd'hui, le niveau de vie n'est guère différent pour ne pas dire pire. Pourtant, la santé financière de l'Algérie, comparativement à ce qu'elle était en 1988, est meilleure. Avec des recettes commerciales de 20 milliards de dollars en 2000 et de 18,5 milliards à fin 2001, des excédents commerciaux record et des réserves de change de plus de 19 milliards de dollars. Le Cnes (Conseil national économique et social) vient à nouveau d'alerter les pouvoirs publics sur la poursuite de la dégradation socio-économique en préconisant une politique alternative au modèle néolibéral. Le programme de privatisation des entreprises publiques n'augure encore rien de bon dans le proche avenir et constitue le cheval de bataille de l'UGTA. La génération qui a succédé à celle d'Octobre 88, vit la crise encore plus aiguë. Le fossé entre les classes n'a jamais été aussi profand... la douleur est toujours aussi vive.