La réunion d'aujourd'hui vise à contenir la menace terroriste dans la région sans recourir à l'aide étrangère. Les Etats-majors des services de renseignements et de sécurité algériens, mauritaniens, maliens et nigériens seront aujourd'hui en conclave à Alger. Cette rencontre vise à élaborer une stratégie de parade à même d'empêcher Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi) d'utiliser l'argent des rançons pour l'achat d'armes ou de financer un réseau d'informateurs ou d'officiels corrompus. «Al Qaîda a des millions d'euros qu'il essaie d'investir dans la région. Il faut régler ce problème du blanchiment d'argent», a affirmé une source à Alger. Aussi, il est impératif de «discuter des moyens de suivre l'argent d'Al Qaïda au Sahel», ajoute la même source, d'autant que Aqmi compte sur les vastes étendues du désert et la porosité des frontières pour créer un havre où il pourrait, à l'avenir, kidnapper à sa guise les touristes occidentaux. Selon une source proche des services de sécurité du Niger, la lutte contre le blanchiment d'argent sera au menu de cette réunion. «Les services de la police, les douanes et les militaires spécialisés en intelligence économique et financière vont jeter les bases d'une coopération active dans la lutte contre la fraude», a précisé la source, citée par des agences. «Les quatre pays se sont également mis d'accord pour renforcer leur coopération en matière de lutte antiterroriste et contre le financement du terrorisme, avec la possibilité de création de postes frontaliers conjoints... pour faciliter le contrôle de la circulation des personnes et des biens», a encore souligné la source. Cette rencontre, première du genre depuis que la Mauritanie et le Mali ont soutenu l'Espagne dans le paiement de la rançon à Al Qaîda pour la libération des deux otages espagnols, vise à «contenir le danger que représente pour les Etats du Sahel la menace terroriste dans la région sans recourir à l'aide étrangère». Pour ce faire, les états-majors des quatre pays ont décidé de créer une cellule de renseignement chargée du suivi des terroristes, décidée lors de la mise en place en avril d'un commandement militaire conjoint avec les pays du Sahel à Tamanrasset. Cette centrale d'intelligence, une sorte de «tête pensante», aura pour mission la collecte et l'analyse des informations sur la situation, notamment à travers la mise sous écoute de leurs appels, et préparer une stratégie commune dans le cadre de la lutte antiterroriste et la criminalité transnationale. En effet, toute opération militaire contre les groupes terroristes opérant dans la région dépend de l'efficience des renseignements collectés. Pour ce faire, il sera procédé au recrutement de personnes connaissant bien le Sahara. Cette réunion, selon les mêmes sources, intervient après que la Mauritanie ait permis l'intervention de l'armée française au nord du mali contre un groupe terroriste appartenant à Al Qaîda le 22 juillet dernier et qui aurait abouti à la neutralisation de six membres d'Al Qaîda. Ce raid, pour rappel, avait soulevé l'ire de l'Algérie qui s'oppose à toute intervention étrangère dans la région. Par ailleurs, l'Algérie a dénoncé les pressions exercées par l'Espagne pour la libération des deux otages espagnols, contre le paiement d'une rançon, estimée selon le journal El Mundo, à 8 millions d'euros, et la remise au Mali du terroriste notoire Omar Sahraoui.