Le ministre de l'Energie et des Mines a été probablement chargé de donner le coup de starter, plus discret mais certainement plus efficace et moins tapageur que celui du projet mort-né de l'ex-ministre de l'Industrie. «La stratégie industrielle doit désormais être adaptée au papier millimétrique que sont les mesures prises par le chef de l'Etat et que j'ai commencé à mettre en oeuvre», avait indiqué au mois de mars 2009 le patron de l'Exécutif. Le président de la République en avait dessiné les contours lors de l'audition de l'ex-ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements. Youcef Yousfi a-t-il été chargé d'en donner le coup d'envoi? Bien discret, il faut l'avouer. Le transfert de technologie constituera à l'avenir une condition incontournable pour les entreprises étrangères qui souhaiteront investir en Algérie. «Dans le futur, ce sera une priorité pour tous les secteurs...», a indiqué l'ex-ministre des Affaires étrangères du gouvernement Benbitour, lors de sa rencontre avec la communauté du Québec, en marge du Congrès mondial de l'énergie qui se déroule depuis le 12 septembre au Canada et qui prendra fin demain. Le message est clair: ce n'est pas uniquement le secteur des hydrocarbures dont il a la charge qui est concerné. «Il y a nécessité d'avoir un partenariat plus important dans le domaine industriel, un partenariat de fabrication d'équipements et de transfert de technologie et non pas un partenariat de vendeur-acheteur», a ajouté l'ancien représentant permanent de l'Algérie à l'Organisation des Nations unies. En ce qui concerne son secteur, le ministre de l'Energie et des Mines précisera que cette nouvelle orientation à laquelle seront soumis les investissements étrangers «est une exigence que nous allons imposer de plus en plus». Il serait tout de même étonnant que ce proche du Premier ministre ait fait cavalier seul. Et puis, cela nous renverrait à un passé pas très lointain où Ahmed Ouyahia avait sévèrement taclé son ancien ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements Hamid Temmar, au sujet du projet de stratégie industrielle annoncée par celui-ci. «Pour cette stratégie industrielle, je vais être brutal. Elle a fait beaucoup plus l'objet de communications que d'actions. Elle n'a jamais été adoptée en Conseil des ministres», avait déclaré le 11 mars 2009 sur les ondes de la Radio nationale, le Premier ministre. «Nous avons présenté au gouvernement un projet sur la stratégie industrielle, dont le cadre a été approuvé. Nous allons nous rencontrer chaque semaine pour approfondir le dialogue sur le sujet», point qu'avait pourtant annoncé de son côté, plus de trois années plus tôt, vers la fin de l'année 2006, le ministre de l'Industrie. L'objectif de la mise en oeuvre d'une stratégie industrielle était de préparer l'économie nationale à l'après-pétrole et de réduire par conséquent sa dépendance par rapport aux hydrocarbures. Cette fois-ci, l'opération qui semble se mettre en place consiste à remettre sur les pieds ce qui donnait l'impression de marcher sur la tête: le secteur des hydrocarbures doit servir de socle et de locomotive pour l'émergence d'une économie productrice de richesses. Le chef de l'Etat a fait de l'après-pétrole un de ses chantiers-phares. Il doit garantir l'avenir des générations futures. Le chef de l'Etat avait tiré la sonnette d'alarme deux mois seulement (au mois de novembre 2008) après le début de la descente aux enfers des cours de l'or noir: «Notre souci majeur est de substituer à la manne pétrolière la valeur ajoutée du travail productif sur les plans matériel, intellectuel et technologique, et ce en puisant dans des alternatives à rechercher dans l'agriculture et les industries diverses, notamment les industries de transformation et en accordant davantage d'intérêt aux services et aux sources d'énergie autres que les hydrocarbures», avait insisté en substance Abdelaziz Bouteflika. Le défi majeur du premier magistrat du pays, qui a pour objectif de sortir l'économie de sa dépendance par rapport aux exportations en hydrocarbures, commence à poser ses jalons semble-t-il, à travers le transfert de technologie qui constituera le ciment d'un partenariat gagnant-gagnant aves les investisseurs étrangers. Youcef Yousfi a été probablement chargé de donner le coup de starter d'un type de... stratégie industrielle, plus discret mais certainement plus efficace.