Une heure avant le coup d'envoi, la place du TR Béjaïa grouillait de monde. La démonstration de mobilisation voulue par la coordination intercommunale, hier, à Béjaïa pour commémorer la journée du 5 Octobre 88 et réitérer le rejet des élections locales, a été interdite par les autorités. «La conjoncture fort délicate que vit présentement la région ne permet pas la tenue d'une manifestation publique sans dérapages», affirmait hier, une source sécuritaire. L'attitude de «tolérance» des autorités vis-à-vis de l'action du jour, attendue par de nombreux observateurs eu égard au comportement observé par rapport aux différents meetings antivote, s'est avérée inexacte dès les premières heures de la journée d'hier. Le déploiement d'importants dispositifs de sécurité aux entrées principales de la ville des Hammadites présageait d'une fermeté à l'égard de cette action de rue prévue à 11 heures. Une heure avant le coup d'envoi, la place du TR Béjaïa grouillait de monde. L'activité normale observée par les commerçants et le bureau de poste avoisinants ne permettait pas de faire une évaluation du degré de mobilisation citoyenne au point de départ. A quelques minutes du départ et alors que même le 1er carré n'était pas encore formé, un fourgon de CNS arrive précipitamment sur les lieux. Les petits groupes de citoyens qui prenaient forme aux alentours du point de départ ont été invités à se disperser dans la limite de la correction. Les choses s'étaient déroulées relativement bien devant l'attitude conciliante observée par les citoyens. Même le cafetier n'a pas hésité à baisser le rideau de son établissement. Aux entrées de la ville de Béjaïa, les éléments des CNS dépêchés tôt le matin ont dressé de véritables barrages filtrants. Les usagers de la route n'étaient pas nombreux, hier, sur les Nationales 26 et 09. Les rares usagers qui ont osé s'y aventurer sont contraints, dès leur arrivée à El-Kseur, d'emprunter un passage par le centre-ville pour transporter d'éventuels marcheurs. Moyennant un pneu enflammé et des barricades de fortune, une vingtaine de jeunes ordonnaient aux automobilistes d'un geste de la main, le chemin à suivre. Plus loin, à hauteur de Oued Ghir, c'est un autre barrage, officiel cette fois-ci, qui vous accueille avec froideur. Les transporteurs publics sont systématiquement refoulés par les CNS visiblement déterminés à empêcher toute participation de la vallée de la Soummam, à l'action du jour. Les mêmes signes témoignant d'un respect strict des consignes sont signalés à l'entrée Est de Béjaïa. De ce fait, rares sont les citoyens qui ont pu accéder à la capitale de Hammadites. Par ailleurs, la grève générale initiée en appui à la marche a été largement suivie notamment, dans la vallée de la Soummam. A Béjaïa-ville, les administrations et les secteurs publics ont connu une activité normale. Les commerçants avaient, certes, baissé rideau le matin pour les rouvrir, dès le début de l'après-midi, dès que le spectre de la violence s'est éloigné. Habituellement, les commerçants de cette ville sont, il faut le dire, réticents à ce genre d'action. A Béjaïa-Ville un groupuscule de jeunes adolescents s'en est pris violemment au portail de la direction de l'éducation. La police n'a même pas eu à intervenir pour rétablir le calme. El-Kseur, Sidi Aïch et les points où ont été établis les barrages filtrants, ont toutefois connu des affrontements plus intenses ayant duré plus de trois heures entre les forces de sécurité et les manifestants venus des localités de la vallée de la Soummam. Trois blessés légers sont à déplorer au cours de ce face-à-face. A notre passage, le dispositif sécuritaire s'apprêtait à quitter les lieux. Mais la Route nationale 26 a complètement changé de physionomie. Obstruée à plusieurs endroits, la circulation y était devenue très difficile. Des tas de projectiles et autres troncs d'arbres ont été disposés sur la chaussée. A l'heure où nous mettons sous presse, le calme revenait peu à peu dans ces localités chaudes.