Les entrepreneurs étrangers se succéderont à Alger pour examiner les opportunités d'investissement dans l'attente des décisions. Dans les années 1990, le gouvernement algérien n'avait de cesse de tenter de convaincre les Occidentaux de l'aider à opérer sa transition vers l'économie de marché. Vingt ans plus tard, les ministres du même gouvernement soutiennent que le retour à une mainmise de l'Etat sur l'économie ne serait pas une mauvaise idée. Il est significatif que même les firmes internationales soient d'accord avec cette dernière analyse. Les investisseurs cherchent la stabilité et si la surveillance de l'Etat pourrait la garantir, pourquoi s'en priver? Mais il n'est pas sûr que l'Etat soit l'acteur le plus indiqué pour une allocation rationnelle des ressources. Le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, affirmant à Montréal que les mesures prises par le gouvernement concernant l'investissement étranger visent à stopper les dérives commises dans ce domaine et à impulser l'industrie nationale. Sauf que le capital privé n'est pas le seul à commettre des dérives. Dans ce cas, qui mettrait fin à celles des entreprises d'Etat qui sont des nids de corruption? Ensuite, si l'Etat est apte à impulser l'industrie, pourquoi a-t-il adopté une position contraire pendant des années en recourant à son bradage? Les responsables de ce gâchis seront-ils un jour inquiétés puisqu'ils se sont si lourdement trompés? Faudra-t-il attendre deux années supplémentaires pour assister à un nouveau revirement du gouvernement? Pour l'instant, le ministre a promis, avant-hier, lors d'une rencontre organisée par l'association d'affaires Alliance algéro-canadienne, de maintenir le cap pour ces deux objectifs. Jusqu'à quand? Le gouvernement reste insensible à ce que le ministre qualifie «de grincements de dents sur les nouvelles dispositions d'investissement qui ont fait couler beaucoup d'encre contre le gouvernement algérien». Il assure que ces mesures ne vont pas remettre en cause les conditions offertes aux investisseurs mais qu'il va continuer à tenter d'attirer les investissements et à encourager les entreprises à s'installer en Algérie. L'un des critères du choix de partenaire sera sa capacité à s'installer en Algérie et à démarrer des unités de production d'équipements et de pièces de rechange car «nous en importons chaque année pour 10 milliards de dollars dans le secteur des hydrocarbures». Les conseils d'administration des entreprises canadiennes ou autres, n'ont pas pour souci de «nous accompagner dans le développement de notre pays et de notre économie» mais de maximiser les profits des actionnaires. C'est sur cette base que sont prises les décisions d'investissement. Pour vaincre les hésitations des étrangers, le ministre avance un argument de taille: 286 milliards de dollars seront investis en cinq ans. Ce qu'il appelle des opportunités d'affaires prometteuses. Yousfi a indiqué que l'Etat dépensera plus de 50 milliards de dollars chaque année dans les investissements publics. «C'est un chiffre colossal qui correspond à notre PIB dans les années précédentes et sera notamment axé sur le développement des infrastructures de transport (renouvellement des flottes aérienne et maritime), de l'enseignement, de la santé, de l'hydraulique et de l'industrie automobile», explique-t-il. Dans le domaine des hydrocarbures, l'objectif de l'Algérie est d'intensifier l'exploration, notamment dans les zones faiblement prospectées, le potentiel des bassins sédimentaires du sud-ouest, du nord et de l'offshore. Dans le domaine de l'électricité, le secteur compte créer de nouvelles centrales, doubler sa capacité de production d'ici à dix ans et lancer de vastes chantiers en matière de modernisation et de la maintenance des réseaux de distribution. Tous ces projets ne manqueront pas de susciter l'appétit des sociétés canadiennes, françaises, allemandes et américaines. Le président-directeur général de Dessau international a indiqué qu'une importante délégation d'hommes d'affaires canadiens sera conduite par un ministre fédéral cette année pour examiner de près ces opportunités. Les décisions ne seront prises qu'ultérieurement.