L'exercice ne sera pas facile pour l'Exécutif qui a renoncé à cette pratique depuis 2006. Silencieux depuis plus de six mois, le Premier ministre va enfin sortir de son mutisme. Il s'exprimera avant le 25 octobre devant les parlementaires à l'occasion de la présentation du bilan d'exercice de son équipe. Le gouvernement est ainsi prêt à solder ses comptes. La présentation du bilan d'exercice du gouvernement est inscrite dans l'agenda de l'APN. «Le gouvernement a fait part de son engagement de présenter devant les députés son bilan d'exercice», a confié à L'Expression une source proche de l'institution parlementaire. Les députés auront enfin l'occasion de mettre l'équipe Ouyahia sous la loupe. L'exercice est loin d'être facile pour l'Exécutif qui a renoncé à cette pratique depuis 2006. Ereintés par l'attente, les députés ne vont pas être souples dans leurs critiques envers le pouvoir exécutif. Il y a lieu de rappeler que les parlementaires ont invité, à plusieurs reprises, le gouvernement à rendre des comptes mais en vain. Le Premier ministre semble être déterminé cette fois-ci à affronter les parlementaires. Il établit sa feuille de route bien avant les délais. Il y a fait allusion lors de l'ouverture de la session parlementaire d'automne. «On aura tout le temps d'en discuter», a-t-il répondu aux journalistes qui tentaient de l'interpeller sur des questions d'actualité. M.Ouyahia va donc briser le silence qui entoure la scène politique nationale. La sortie médiatique du patron de l'Exécutif promet d'être fracassante. M.Ouyahia sera appelé à donner des explications sur plusieurs sujets. Les affaires de corruption qui défraient la chronique depuis plusieurs mois, le rachat par l'Etat de l'opérateur de téléphonie mobile Djezzy, un dossier qui a, lui aussi, occupé la scène médiatique depuis des mois, les nouvelles mesures introduites dans la loi de finances complémentaire 2010. Lesquelles mesures font grincer des dents de nombreux opérateurs économiques partenaires de l'Algérie. Il faut souligner que le Premier ministre ne s'est pas exprimé depuis plus de six mois. Il aura donc l'occasion d'apporter des précisions à même d'éclairer aussi bien l'opinion que les partenaires de l'Algérie sur toutes ces questions. Le bilan d'exercice sera le premier chantier de travail après l'approbation des cinq projets de loi promulgués par ordonnances qui sont juste une simple formalité. Une séance de vote est d'ailleurs prévue aujourd'hui pour «poster» ces ordonnances et passer aux débats. En plus du bilan, le gouvernement exposera également le schéma du Plan quinquennal 2010-2014 ainsi que les projections inscrites au titre du Programme présidentiel. Afin de mieux vulgariser le contenu du Plan quinquennal, le gouvernement a choisi de passer par le Parlement. Alors qu'une conférence des cadres avait été prévue au départ, le gouvernement a finalement opté pour le Parlement pour la simple raison que les débats télévisés s'étaleront sur plusieurs jours. Avec cette formule, le gouvernement entend sensibiliser le maximum de citoyens sur les projets inscrits au titre du Plan quinquennal. Le secrétaire général du FLN a anticipé en consacrant entièrement son université d'été au Plan quinquennal. Il convient de noter que la déclaration de politique générale est recommandée par la Constitution. L'article 84 stipule clairement que le gouvernement présente annuellement au Parlement une déclaration de politique générale. Celle- ci donne lieu à débat sur l'action de l'Exécutif, qui peut s'achever par une résolution ou par une motion de censure. Conformément aux dispositions des articles 135, 136 et 137 de la Constitution, le Parlement a le droit de rejeter le projet du gouvernement. Le Premier ministre peut également demander à l'APN un vote de confiance. Si la motion de confiance n'est pas votée, le Premier ministre présente la démission du gouvernement. Dans ce cas-là, le président de la République peut, avant l'acceptation de la démission, faire usage des dispositions de l'article 129 de la Constitution. Le gouvernement peut également présenter au Conseil de la Nation une déclaration de politique générale. Cependant, M.Ouyahia peut aller au Parlement rassuré d'avance. La motion de censure est complètement écartée. Avec une Alliance présidentielle majoritaire, l'opposition ne serait pas en force pour faire avorter le projet.