Ouyahia devra informer l'opinion sur la responsabilité des ministres en charge des secteurs éclaboussés par des affaires de corruption. La session d'automne du Parlement sera clôturée ce matin. Deux cérémonies protocolaires seront organisées pour l'occasion. La première au Sénat et la seconde à l'Assemblée populaire nationale. MM.Abdelaziz Ziari et Abdelkader Bensalah devront faire ce coup-ci, un peu plus d'effort pour rédiger leurs discours. Jamais le bilan du Parlement n'a été aussi maigre que celui enregistré durant ces six derniers mois. Excepté la loi de finances 2010, aucun texte n'a été débattu en plénière. Et pourtant, le gouvernement a promis de soumettre 11 projets de lois relatives notamment au règlement budgétaire, à la profession d'expert comptable, au nucléaire et à la profession des avocats. Sans omettre le statut particulier des fonctionnaires du Parlement. Le Parlement clôt donc une session qui n'aura servi à rien, sinon à confirmer encore une fois qu'il a totalement cédé sa mission de législatif à l'exécutif. Si rien n'est attendu des discours des deux présidents du Parlement, les cérémonies de demain sont en revanche très attendues par la presse, puisque l'évènement a le mérite d'imposer la présence de l'ensemble de l'Exécutif «tenu» par les règles protocolaires à assister à la clôture et à l'ouverture de chaque session parlementaire. C'est là où réside tout l'intérêt de la cérémonie. La presse attend cet événement puisqu'il intervient cette fois, dans une conjoncture politique et sociale très particulière. Très particulière puisqu'elle coïncide avec l'apparition au grand jour de plusieurs scandales. L'on fera l'impasse sur la grogne sociale qui fait tache d'huile. Il y a aussi la hausse des prix des denrées alimentaires et le débat sur le vaccin contre la grippe A/ HINI. Non habitué à la communication de crise, l'Exécutif opte souvent pour le silence. Un mutisme qui ouvre souvent la voie aux polémiques. Aujourd'hui, les ministres devront affronter dans un face-à-face, rare mais à chaque fois très attendu, les médias en quête d'éclaircissement et d'information. Souvenons-nous, lors de l'ouverture de la session d'automne, les ministres ont opté pour le silence. Aucun n'a daigné faire une déclaration à la presse. Certains dont les secteurs sont sujets à polémique ont été autorisés à s'absenter. L'exercice fut laissé au Premier ministre M.Ahmed Ouyahia, qui s'était prêté volontiers au jeu des questions-réponses. Très à l'aise, il s'est exprimé sur la tripartite, les doutes affichés par nos partenaires économiques sur les mesures prises dans la loi de finances complémentaire 2009. Ouyahia avait parlé de la situation sécuritaire, du front social, etc. Aujourd'hui, il sera interpellé sur un dossier qui commence à prendre des proportions assez graves: la corruption institutionnelle. Le poumon de l'Algérie, Sonatrach, est frappé de plein fouet par un scandale qui n'a pas révélé encore tous ses secrets. Son P-DG et des cadres du groupe sont cités dans des dossiers de corruption. La précision faite par Chakib Khelil, ministre de l'Energie, n'a pas servi à éclairer l'opinion publique choquée par les révélations faites par la presse. La notoriété internationale du groupe exige, selon les observateurs, une meilleure communication et une gestion plus transparente et plus ouverte du dossier. Ouyahia devra répondre à une question principale: comment se fait-il que personne parmi l'entourage le plus proche du dossier, le ministre de l'Energie en premier lieu, n'a rien vu venir? Idem pour le ministre des Travaux publics qui assiste, impuissant, à l'implication de ses cadres dans le scandale de l'autoroute Est- Ouest. On fera l'impasse sur le département de la Pêche. En fait, Ouyahia devra informer un peu plus l'opinion publique sur la responsabilité politique des ministres dans les dossiers cités et autres qui concernent la gestion, à titre d'exemple, du dossier du vaccin contre la grippe A /HINI. Ouyahia sera attendu aussi sur la grogne sociale, les relations algéro-égyptiennes, le remaniement ministériel, le lancement du nouveau plan quinquennal. Encore faudrait-il qu'il fasse montre de la même disponibilité que celle affichée en septembre dernier, lors de l'ouverture de la session d'automne du Parlement.