Ce type de structure n'impose aucune contrainte par rapport au double scrutin de proximité. La nouvelle donne induite par la participation du Front des forces socialistes à l'actuelle joute électorale suscite depuis quelques mois moult interrogations et inquiétudes au sein des populations des villages de Kabylie qui voient leurs structures traditionnelles «tadjemaât» ou le comité de plus en plus menacées dans leur cohésion voire dans leur existence. Le consensus autour du rejet du scrutin du 10 octobre n'étant plus de mise au sein de la population, la position à adopter le 10 octobre est présentement posée avec acuité dans l'ensemble des villages de la Kabylie. Devant l'impossible consensus et conscients de la fracture préjudiciable à la cohésion des villages, les citoyens débattent depuis quelques jours et à bâton rompu pour trouver une issue à un problème qui, en situation normale, ne se poserait même pas. Le comité de village, dit tadjmaât, structure traditionnelle qui a fait la fierté de la Kabylie depuis des millénaires et qui a servi d'exemple aux nombreux politiciens pour étayer leur position par rapport à certaines questions politiques, fait aujourd'hui l'objet de manipulations diverses. Ceux-là mêmes, qui ont toujours affirmé que «l'organisation d'un village kabyle est un exemple parfait en matière de laïcité», en expliquant que «le comité du village ne s'immisce pas dans le domaine politique et religieux», sont aujourd'hui en train de faire exactement le contraire en tentant, à travers leurs militants, d'amener cette structure à se positionner pour le rejet des élections locales. Pendant que certains veulent imposer le rejet à travers la djemaâ pour faire paraître le caractère consensuel, d'autres tentent de sauvegarder sa neutralité. Bref, elle est à présent soumise à diverses pressions préjudiciables. Des fractures et autres divisions sont, de ce fait, les principales menaces qui pèsent sur cette structure traditionnelle. Animés par le souci de préserver la cohésion du village, des citoyens s'en vont en guerre contre les politiciens de tout bord. D'ores et déjà certains villages ont réussi à se soustraire de cette «guerre politicienne» en optant pour la neutralité. En ce sens, les citoyens sont ainsi libres de leur action politique. Le comité de village n'impose aucune contrainte par rapport au double scrutin de proximité. Restent d'autres villages qui ne tarderont pas à conclure eu égard aux débats qui y prennent forme. Au-delà de ce regain d'activité qui anime les comités de villages traditionnellement préoccupés par les affaires courantes de la cité, il y a lieu de s'interroger sur l'émanation même de la «décision du rejet des élections». Devant le constat précédent, ceux qui continuent à la qualifier de «citoyenne» «se doivent de revoir leur copie» pour reprendre ce sexagénaire qui, lors d'un meeting antivote, apostropha de manière claire un délégué: «Si le rejet des élections émane de la base citoyenne alors pourquoi tous ces meetings et ces arguments?» Une interrogation qui ne tardera pas à trouver réponse. Toujours est-il que la société kabyle reste vigilante devant les risques de fracture que peut induire une élection. Ce qui explique sans doute ces riches débats signalés çà et là et qui ont le mérite d'éloigner le spectre de la violence, du moins pour le moment.