Ce parti essaie de doubler le FFS en Kabylie. A l'approche des élections législatives, la situation politique en Kabylie est loin d'être claire, comme veulent le faire croire certains. En effet, contrairement à ce qu'affirment les irréductibles du boycott, l'électorat kabyle n'est pas fixé sur la question. Il n'est pas dit que la campagne pour le boycott puisse convaincre la majorité des citoyens de la région, d'autant que plusieurs formations politiques ont confirmé leur intention de présenter des listes dans les trois wilayas de la Kabylie. Cette donne, associée au calme de retour dans la région et au train de mesures d'apaisement décidées par le pouvoir, est à même de constituer un facteur important susceptible d'amener un retournement de situation, en faveur de l'option de vote. Un scénario d'autant plus vraisemblable, que l'on annonce des personnalités crédibles en tête de liste de certaines formations qui n'ont pas l'intention de faire de la figuration lors de la campagne électorale. Loin de négliger l'importance du réservoir électoral qui peut basculer dans le camp des votants, le RCD s'y prépare sérieusement. Et pour ne pas se déjuger, le parti de Sadi n'a pas l'intention de se présenter au rendez-vous des urnes sous les couleurs «jaune et bleu». Il a choisi une autre méthode pour doubler le FFS sans avoir l'air de perdre la face aux yeux de l'opinion publique. Aussi, en parallèle de sa campagne pour le boycott, le RCD encourage des citoyens proches de ses thèses à se présenter sous le label indépendant, histoire de parer à l'imprévu. Une démarche qui a été révélée à L'Expression par des dissidents du parti, ainsi que par des cadres de la formation d'Aït Ahmed. Ce parti, ayant flairé la combine, tente d'y faire face en modulant quelque peu son discours à l'intérieur de ses structures, aux fins de réagir à cette offensive discrète du RCD. En effet et selon des sources parlementaires, la commission de réflexion et de stratégie politique du Front des forces socialistes (FFS), présidée par l'ex-secrétaire national de l'information, M.Samir Bouakouir, aurait dressé un rapport dans lequel elle plaide en faveur de la participation du parti aux législatives du 30 mai prochain. Cette commission, ajoutent les mêmes sources, «s'est appuyée sur les données fournies par une étude politique approfondie des nouvelles donnes en Kabylie». Allusion au nouveau climat qui règne dans cette région, après que le parti de Sadi eut poussé des «indépendants» à briguer la députation. La tendance lourde au sein du FFS est en train de tendre vers une participation au scrutin. La levée de l'état d'urgence, prestement suggérée ces derniers jours, pourrait être le déclic de sa participation aux législatives. Cependant, on a appris de mêmes sources que le rapport de la commission Bouakouir aurait suscité des réticences au sein des militants attachés à la démarche de la direction nationale, particulièrement hostile à la tenue de ces élections. Cela étant, beaucoup de cadres n'ont pas hésité à demander une réunion extraordinaire du conseil national pour mettre fin à cette polémique naissante. Cette information n'a été ni confirmée ni infirmée par les dirigeants du parti de Hocine Aït Ahmed, mais le bruit court que le comité a l'intention de camper sur ses positions. Ce rapport indique, en effet, que l'opportunité que présente le rendez-vous est à ne pas rater. Au moins pour une raison : le déclin du RCD dans la région. Mais plus encore, ce qui inquiète les cadres du parti d'Aït-Ahmed, révèlent nos sources, est la manoeuvre du RCD qui encourage certains délégués des ârchs à se présenter aux législatives sur des listes indépendantes. Une hypothèse qui permettrait au Rassemblement de combler officieusement le vide laissé par sa décision de ne pas participer au scrutin. Nos sources affirment, par ailleurs, que loin des spéculations qui essayent d'étouffer le parti connu pour ses positions, la possibilité de la participation du FFS reste très probable. Ce dernier serait en phase d'observation, en attente de signaux forts de la part du pouvoir, notamment en prévision du 20 Avril, 22e commémoration du Printemps berbère à l'occasion duquel le FFS espère la libération des détenus et la levée de l'état d'urgence.