Ces responsables militaires évalueront la situation sécuritaire de la région. Le Sahel aux Africains. Les puissances occidentales doivent observer une trêve après des mois de tractations et de manipulations dans la région. La France et les Etats-Unis attendront donc les résultats du conclave qui regroupera aujourd'hui, les dirigeants militaires des pays du Sahel. Cette réunion, qui semble être le résultat d'un compromis entre les acteurs internes et externes à la région du Sahel, a été annoncée de manière officielle par le ministère de la Défense nationale dans un communiqué. «Dans le cadre de l'évaluation de la situation sécuritaire prévalant dans notre sous-région et dans le sillage des dispositions prises pour la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée au sein du Comité d'état-major opérationnel conjoint, une réunion du Conseil des chefs d'état-major des pays concernés se tiendra le 26 septembre 2010 (aujourd'hui, Ndlr) au niveau du siège du Commandement de la 6e Région militaire à Tamanrasset», a rapporté le communiqué du ministère de la Défense nationale. «Les chefs d'état-major procéderont, à cette occasion, à un échange d'informations et d'analyses à même d'établir un bilan exhaustif des activités et actions effectuées pour la concrétisation d'une stratégie commune de lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée», précise le communiqué non sans rappeler que le Conseil des chefs d'état-major des pays concernés est «issu de la réunion des chefs d'état-major de l'Algérie, du Mali, de la Mauritanie et du Niger, tenue à Tamanrasset les 12 et 13 août 2009». Une précision de taille puisqu'elle résume une position de principe défendue par l'Algérie: il n'est pas question de livrer la région à l'ingérence étrangère sous couvert de la lutte contre le terrorisme. La rengaine est connue: on commence par des actions humanitaires puis par l'échange d'informations sécuritaires, du sauvetage de ressortissants pour se retrouver ensuite avec une intervention militaire au sens propre du terme. La réunion d'aujourd'hui n'est donc qu'un juste retour de la situation à ce qu'elle devait être. En d'autres termes, c'est aux pays du Sahel, directement concernés, de décider et de dégager les actions qu'ils jugent utiles et commodes pour assurer leur propre sécurité face aux groupes terroristes d'Al Qaîda et aux réseaux de trafic d'armes et de drogue qui écument la région. Une action militaire étrangère serait périlleuse. La France en a fait les frais, en juillet dernier, lors du coup de force qu'elle a opéré pour libérer Michel Germaneau. L'opération a été un échec total et le ressortissant a été finalement exécuté par Al Qaîda. En conséquence, cette intervention militaire semi-clandestine de la France dans cette région a chamboulé un puzzle géopolitique dont seuls les pays de la région connaissent le complexe agencement. L'idéal aurait été d'établir une coordination avec les services de renseignement et les forces armées des pays de la région, voire une coopération active, ou au minimum de bénéficier des informations de leurs services de renseignement. Incontestablement, c'est l'Algérie qui est le pays le mieux placé dans la région pour ce genre d'actions. Plusieurs arguments plaident en sa faveur. En termes de logistique, l'Algérie s'est dotée d'un matériel et de moyens efficaces à même de traquer les réseaux terroristes et les contrebandiers. Sur le plan du renseignement, ses services maîtrisent parfaitement les mouvements des éléments d'Al Qaîda qu'ils traquent depuis près de dix ans. Enfin, dans le domaine de la lutte sur le terrain, les services de sécurité algériens sont plus aguerris et forts d'une expérience de quinze années de lutte sans relâche contre le terrorisme. Si on ajoute à cela le fait que les Algériens maîtrisent mieux que les Français les us, les traditions, les coutumes et la langue des citoyens au Sahel, il est à se demander pourquoi la France voulait à tout prix se passer d'un pareil capital et s'aventurer dans des opérations glissantes.