C'est le niveau favorable des prix des hydrocarbures qui a permis d'engranger des réserves considérables. De 146,3 milliards de dollars au premier semestre de l'année en cours, les réserves de change sont passées actuellement à 150 milliards de dollars. C'est ce qu'a indiqué, hier à Sétif, le secrétaire d'Etat chargé de la Statistique, Ali Boukrami. Le niveau de ces réserves s'est amélioré grâce à un prix soutenu des hydrocarbures au niveau international. C'est ce qui fait leur principal handicap. Les réserves peuvent fondre rapidement, avertissent les économistes. Il suffit que les prix du pétrole baissent à moins de 40 dollars pour une longue durée pour que l'économie de l'Algérie soit mise à mal. L'avertissement a déjà été lancé par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, à plusieurs reprises. Cette importance des réserves de change est un révélateur de la dépendance excessive du pays au prix des hydrocarbures. Politiquement, c'est la querelle sur les investissements qui va être reposée. Des sources de la Banque d'Algérie affirment qu'il faut être ignorant en matière économique pour prétendre que ces sommes doivent être réservées à l'investissement. Ce sont les apports des opérateurs qui font, au contraire, l'investissement, est-il soutenu. Le réserves servent, entre autres, à garantir les importations et à améliorer l'image de l'Algérie au niveau international car cela lui donne l'assurance d'un pays solvable qui n'a plus besoin de faire appel à l'endettement et à l'assistance du FMI pour renflouer ses caisses. Cette assurance est susceptible d'attirer justement les investisseurs. Or, ce n'est pas le cas actuellement. Preuve en est qu'une seule donne, en elle-même, n'est pas le signe de bonne santé d'une économie. D'ailleurs, l'investissement direct étranger tourne autour de 2 milliards de dollars. Loin des 286 milliards dégagés par l'Etat. Les grands projets ne sont donc pas l'oeuvre du privé. Même si Boukrami précise que 80% de la valeur ajoutée hors hydrocarbures est l'oeuvre du secteur privé. Cet indicateur montre que la contribution de la production industrielle au produit intérieur brut ne représente toutefois qu'un taux se situant entre 5 et 6%, d'où la nécessité d'élever ce taux qui devra atteindre au moins 10% du PIB à l'horizon 2015. Pour les devises, d'autres ressources sont disponibles en Algérie. Il s'agit du Fonds de régulation des recettes, alimenté par le différentiel entre le prix réel du baril de pétrole et le prix de référence prévu par la loi de finances. Selon le secrétaire d'Etat, il a engrangé 40 milliards de dollars. Le tout dans un contexte où la dette extérieure est d'environ 5 milliards de dollars. La régulation du commerce extérieur est la voie choisie par l'Algérie pour préserver ses équilibres financiers. Elle a pris en juillet 2009 une série de mesures visant à réduire la facture des importations s'élevant à 40 milliards de dollars, soit au même niveau des recettes pétrolières. Ce n'est donc pas parce qu'il y a beaucoup de réserves qu'il faut les dépenser. C'est la position officielle du gouvernement. «Nous voulons réduire les transferts de devises à l'étranger», a dit à plusieurs reprises le ministre des Finances, Karim Djoudi. Les hydrocarbures ont représenté 96,72% des exportations soit 35,88 milliards de dollars lors des huit premiers mois 2010, contre 26,56 milliards durant la même période de 2009, en hausse de 35,06%. Quant aux exportations hors hydrocarbures, elles demeurent marginales avec seulement 3,2% des exportations globales. Réserves de change ne riment donc pas avec bonne santé économique. Car il y a encore beaucoup à faire avant de se libérer de la dépendance aux hydrocarbures.