La capitale algérienne ainsi que l'ensemble des autres villes du pays croulent sous des tas d'immondices. Nos poubelles débordent. A qui la faute? On se renvoie la balle. Les responsables désignés pour prendre en charge ce secteur incontournable de la vie de tous les jours, dénoncent une absence de moyens. Les éboueurs pointent du doigt l'incivisme des Algériens, notamment par rapport à ce phénomène. «Nous ne pouvons en aucun cas mettre devant chaque bac à ordures un camion. Il y a des horaires et des endroits précis pour les ordures», a indiqué M.Djoudi, cadre dirigeant de l'entreprise Net Com, cachant mal son impuissance devant l'ampleur prise par ce problème d'insalubrité. Les efforts déployés par cette société de nettoyage sont annihilés par certains épiphénomènes tels que les détritus abandonnés particulièrement par les commerçants des marchés hebdomadaires ou quotidiens, de fruits et légumes. «Nous avons créé une unité d'intervention spéciale pour enlever les détritus de ces marchands. Nous dépêchons 470 agents et 45 bennes pour le nettoyage des endroits anarchiques», a déclaré tout récemment Redha Djoudi, chargé de l'information au sein de Net Com. Les citoyens, quant à eux, pointent du doigt les pouvoirs publics. La boucle est ainsi pratiquement bouclée. Si de prime abord on a l'impression d'avoir cerné et identifié grossièrement les ingrédients dont est constituée cette bombe à retardement, rien n'est pratiquement fait pour venir à bout de ce fléau. L'on doit bien un jour ou l'autre en payer le prix. D'ailleurs n'est-il pas déjà presque tard pour tirer la sonnette d'alarme? En effet,10% des enfants scolarisés seraient atteints d'asthme selon le Pr Mustapha Khiati, chef de service à l'hôpital d'El Harrach. Quelles en sont les causes? Principalement les émanations dégagées par l'incinération des ordures de la décharge de Oued Smar. Une pré-enquête est menée dans quatre communes de l'Algérois: El Harrach, Oued Smar, les Eucalyptus et Dar El Beïda, constituent un terrain propice et favorable à l'évolution de ce type de complications respiratoires: 20% des enfants issus de ces concentrations urbaines sont atteints d'asthme essentiellement à cause de ce type de pollution qui caractérise leur climat, avait confié déjà en 2006 à L'Expression le président de la Forem, Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche. Phénomène culturel ou réflexe acquis mécaniquement, par habitude, la gestion du ramassage des ordures ménagères, l'hygiène et la propreté en général sont des phénomènes sociaux qui se sont transformés en problème de santé publique. Nul n'ignore que les poubelles, qui jonchent les trottoirs de nos villes représentent des foyers avérés de microbes et de virus. Les odeurs pestilentielles qui en émanent, pas seulement lorsqu'elles débordent d'immondices mais aussi lorsqu'elles sont vidées, car elles ne subissent aucune opération de nettoyage, en plus d'être insupportables, constituent un véritable danger pour la santé des citoyens. Conséquence de ce trop-plein d'ordures: la multiplication du nombre de décharges illégales à travers l'ensemble du territoire algérien. Quant aux décharges autorisées, elles sont loin de répondre aux normes internationales. Quel type d'action le gouvernement compte-t-il mettre en oeuvre afin d'éradiquer ce fléau? Si récupérer un déchet c'est le sortir de son circuit de collecte et de traitement puis le recycler afin de le réintroduire directement dans celui de la production dont il a pris corps, la gestion des ordures ménagères en Algérie est encore à l'état primaire. Un indicateur du chemin qui nous reste à parcourir pour prétendre au statut de pays développé...Il demeure un baromètre incontestable de notre degré de civisme.