Sétif est, selon beaucoup de ses habitants, une ville de plus en plus sale. Une promenade, en milieu de journée, montrera l'insalubrité de la séculaire laquelle, il n'y a pas très longtemps, était un modèle de propreté. Les Sétifiens se plaignent de carences au niveau de l'éclairage public, des feux de signalisation, du ramassage des ordures ménagères et aussi de l'état pitoyable des routes. Dans de nombreuses cités, il est impossible de sortir la nuit sa poubelle pour manque d'éclairage. Des bestioles de toutes espèces volettent dans les airs et vous glissent entre les jambes. Dès que l'on montre le bout de son nez, tout un tas de bruits furtifs hérissent vos cheveux. La circulation automobile est pénible : il faut partout slalomer pour éviter les nombreuses ornières et les nids-de-poule. La stérilité des espaces, censés être verts, est aussi une des préoccupations de la population. Toutes ces carences et tous ces déficits en matière d'équipements et de propreté sont imputés, par le citoyen à la municipalité qui a en charge la résolution de ces problèmes. L'APC est accusée par beaucoup de citoyens de manquer à ses devoirs. « Le spectacle de la montagne d'immondices qui agresse votre regard, chaque fois que vous ouvrez votre fenêtre, est traumatisant », déclare Hassan de la cité des 132 logements, la fameuse cité située en face du souk Abacha, l'autre plaie de l'antique Sitifis. Mais à toutes ces plaintes et lamentations, la commune, par le biais de M. MehenaouiI, vice-président chargé du parc et des services techniques, répond par un autre son de cloche. Pour notre interlocuteur, « la plus grande responsabilité revient à la population, laquelle par son incivisme et son manque de conscience, rend plus stériles les efforts des services de la collectivité. » « Quant aux feux de signalisation, le matériel est vétuste et exige la connaissance de spécialistes qui nous font défaut. L'achat d'un nouvel équipement ainsi que la réhabilitation de l'existant sont prévus sous quinzaine », dira-t-il. A la question se rapportant à l'insalubrité, l'élu précise que les quinze secteurs de la ville sont pris en charge chacun par une équipe de 40 à 50 agents de nettoiement et deux camions à benne-tasseuse. Ces équipes activent entre 4 h du matin et 10 h. Les 511 agents en charge de cette activité se démènent tant bien que mal avec l'incivisme et le mépris de la population envers ces nettoyeurs et les lois de la république. Ils sont débordés et les effectifs ne suffisent plus à une ville de plus en plus grande produisant quotidiennement 300 tonnes d'ordures ménagères. Sétif n'est plus la petite ville d'antan. Les agents de nettoiement se plaignent de la façon dont la population les traite. Les gens jettent leurs ordures comme bon leur semble, certains pratiquent le lancer du sac poubelle, le sport des nouveaux rois fainéants. La population ne prend pas en compte les emplacements désignés pour le dépôt des sacs, choisis pour des raisons pratiques. L'APC a tenté une expérience avec les caissons (conteneurs à ordures), mais les gens n'ont pas apprécié ces boîtes qui devenaient encombrantes et cause de querelles, et l'expérience a avorté. Au souk Abacha, les commerçants producteurs de déchets sont les premiers à empêcher les éboueurs de faire leur travail. Le réseau routier est, lui, vétuste, et surtout victime d'entreprises qui creusent pour leurs travaux sans le signaler aux services de la commune qui doit colmater et s'occuper plus à des travaux de rapiéçages de la chaussée qu'à une prise en charge de façon sérieuse de la chose. Les travaux de réhabilitation du réseau routier de la ville de Sétif sont évalués à 500 milliards de centimes, ce qui est énorme pour l'institution. L'OPGI est interpellé pour mettre de l'ordre dans les vides sanitaires des immeubles tout comme la population afin qu'elle agisse avec civisme et de façon responsable pour rendre à Sétif sa propreté.