«Les nostalgiques de l'Algérie française, les gens de la droite et une partie de la gauche sont à l'origine de la campagne de dénigrement contre le film Hors-la-loi». «Le film ne remue pas le couteau dans la plaie, mais c'est un enseignement pour les générations futures», a déclaré Chafia Boudraâ, qui a joué le rôle de la mère de l'humanité dans le film qui continue à déranger la vie politique française toute entière. Après que le réalisateur du film Bouchareb avait longuement répondu à ses détracteurs, le tour est venu aux acteurs du film Hors-la-loi, dont Chafia Boudraâ et Ahmed Benaïssa, de sortir de leur silence et d'éclairer davantage la scène culturelle et politique. A la faveur de la conférence de presse tenue hier à Oran, les deux acteurs se sont relayés pour répondre à toutes les voix hostiles à la projection du film dans les salles du pays des droits de l'homme et de la liberté d'expression, la France. Selon Chafia Boudraâ, «le film apporte l'équivalent d'un petit cheveu des horreurs commises par l'armée coloniale». Et cette dernière d'ajouter: «Nous aimerions bien surprendre chaque fois avec des productions pareilles.» La polémique a atteint son paroxysme tandis que les deux acteurs n'ont pas été tendres dans leurs discours en traitant la France coloniale de tous les noms d'oiseaux. «Le film leur a fait mal», a affirmé l'interprète de la mère de l'humanité ajoutant que «le film en question sera diffusé à travers le monde entier». Malgré les menaces annoncées tout récemment par les quelques récalcitrants à la vérité, le producteur du film n'hésite ni ne recule quant à sa diffusion sur le sol français. Sa projection est prévue dans 450 salles dont plus de 150 salles de la capitale et sa banlieue. Pour sa part, Ahmed Benaïssa n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour défendre, avec véhémence, le film tout en mettant à l'index plusieurs parties qui ont commandité la campagne médiatique lancée contre le film Hors-la-Loi. «Ce sont les nostalgiques de l'Algérie française, les pieds-noirs, les gens de la droite et une partie de la gauche qui sont à l'origine de la campagne acharnée contre le film», a déclaré Ahmed Benaïssa ajoutant que «le discrédit jeté sur le film, qui est une action voulue, n'est pas étonnant tandis que les instigateurs de cette campagne nous rendent service en nous motivant davantage à diffuser le film». La France coloniale est, à travers le film, rattrapée par son histoire. Le vieux briscard n'est pas près d'oublier le sort qui a été réservé par ceux qu'il a qualifiés de «nostalgiques» au film historique du siècle, la Bataille d'Alger. Auparavant, soit en 1965, le même acteur et ses compères algériens ont vécu un véritable enfer lorsqu'un groupe d'hommes ont fait intrusion dans un théâtre en France alors que des comédiens algériens donnaient leur spectacle en représentation.