Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a affirmé que Paris n'excluait pas un examen par le Conseil de sécurité de la création d'un Etat palestinien, en cas «d'impasse prolongée», dans une interview publiée hier. «La création d'un Etat palestinien est le gage d'un avenir de paix. Il doit procéder des négociations bilatérales», a déclaré M.Kouchner au quotidien palestinien Al-Ayyam, alors que le chef de la diplomatie française est attendu avec son homologue espagnol, Miguel Angel Moratinos, en Israël et dans les territoires palestiniens. «Mais la communauté internationale ne saurait se satisfaire d'une impasse prolongée. Je crois donc qu'on ne peut pas écarter par principe l'option du Conseil de sécurité», a-t-il indiqué, soulignant que la «priorité» actuelle était «la poursuite des négociations en vue d'un règlement de l'ensemble des questions du statut final». Le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas a évoqué dans un discours prononcé vendredi lors d'une réunion arabe à Syrte (Libye) des alternatives aux négociations avec Israël, bloquées par le différend sur la poursuite de la colonisation juive en Cisjordanie occupée. Selon des participants, M.Abbas a exposé plusieurs options: demander à Washington de reconnaître un Etat palestinien dans les frontières de 1967, recourir à cette fin au Conseil de sécurité de l'ONU, ou demander à l'Assemblée générale de l'ONU que les territoires occupés soient placés sous tutelle internationale. M.Kouchner a par ailleurs confirmé qu'une visite à Ghaza de ministres des Affaires étrangères européens pour «vérifier» l'allègement du blocus promis par Israël, prévue en juillet, puis reportée à septembre, mais qui n'a finalement pas pu être organisée, n'était pas à l'ordre du jour. Selon lui, «cette visite n'a finalement pas pu avoir lieu d'abord compte tenu des contraintes d'emploi du temps des uns et des autres, puis du fait du calendrier des négociations directes qui venaient de reprendre» à Washington le 2 septembre. «C'est une des raisons pour lesquelles nous avons décidé de faire cette visite aujourd'hui» avec M.Moratinos, a-t-il ajouté. «Je le regrette profondément, mais nous n'avons pas la possibilité de nous rendre à Ghaza lors de cette courte visite, puisque nous allons rencontrer le président Abbas et le roi Abdallah II (de Jordanie) à Amman dès lundi (aujourd'hui)», a indiqué le ministre français.