Dans le contexte d'impasse des négociations directes, les Palestiniens évoquent ouvertement des alternatives au processus d'Oslo (1993), qui pourraient impliquer les pays du Conseil de sécurité de l'ONU. Les chefs de la diplomatie française et espagnole ont rencontré hier à Amman le président palestinien Mahmoud Abbas, en plein blocage des pourparlers de paix, pour réaffirmer le rôle de l'UE dans le dialogue avec Israël et encourager la création rapide d'un Etat palestinien. Bernard Kouchner et Miguel Angel Moratinos devaient s'entretenir avec M.Abbas à la résidence de l'ambassadeur palestinien à Amman, après une rencontre avec le roi Abdallah II de Jordanie, également axée sur les efforts pour la reprise des négociations directes palestino-israéliennes, selon le palais royal. Le ministre français s'est déclaré hier à Jérusalem «optimiste» quant à la résolution du différend sur la poursuite de la colonisation israélienne en Cisjordanie occupée. «Nous sommes sortis de là avec l'impression que (...) nous pouvions, l'Europe, et en particulier l'Espagne et la France, aider dès lors qu'un mécanisme se mettait en marche et je crois qu'il se mettra en marche», a-t-il indiqué. Dimanche, à l'issue d'un entretien avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, M.Kouchner a affirmé que la recherche d'une solution à ce différend risquait de «prendre du temps» tout en estimant que M.Netanyahu s'était montré «encourageant» dans ses propos. Dans le contexte d'impasse des négociations directes, les Palestiniens évoquent ouvertement des alternatives au processus d'Oslo (1993), qui pourraient impliquer les pays du Conseil de sécurité de l'ONU. Lors d'une réunion arabe à Syrte (Libye), le président palestinien a suggéré samedi de demander à l'administration américaine de reconnaître un Etat palestinien dans les frontières de 1967, recourir à cette fin au Conseil de sécurité de l'ONU, ou demander à l'Assemblée générale de l'ONU que les Territoires occupés soient mis sous tutelle internationale. «C'est un moment que nous n'avons pas voulu manquer, nous allons pouvoir profiter de notre présence pour dire que l'Europe, les 27 pays, ont cette position» sur l'urgence d'un Etat palestinien, a déclaré dimanche le ministre français. M.Kouchner a par ailleurs, affirmé que Paris n'excluait pas un examen par le Conseil de sécurité de l'ONU de la création d'un Etat palestinien, en cas «d'impasse prolongée», dans une interview au quotidien palestinien Al-Ayyam. MM.Kouchner et Moratinos avaient déjà évoqué dans une tribune commune publiée en février par Le Monde, l'organisation par l'Union européenne d'un sommet international de la paix pour le Proche-Orient et que l'UE reconnaisse ensuite l'Etat palestinien, avant l'aboutissement des négociations avec Israël. «Il s'agit d'une option symbolique qui est une façon de faire pression pour obtenir la reconnaissance de l'Etat palestinien, mais elle ne résout pas la question sur le terrain», a affirmé hier à Amman une source diplomatique occidentale. Bernard Kouchner et Miguel Angel Moratinos ont également insisté sur l'importance de l'UE dans le processus de paix.