La fronde kabyle a brouillé les cartes en Algérie. Plus de la moitié des électeurs a, officiellement, pris part au scrutin de jeudi. Rien n'est moins sûr toutefois. Les autorités, en effet, se sont bien gardées dans leurs calculs d'inclure les chiffres liés à la Kabylie. Une fois la chose faite, le taux sera ramené à moins de 50 %. L'abstention, très prononcée, observée en Kabylie, a conforté les ârchs dans leur démarche. Cette déferlante, que beaucoup d'observateurs pensaient essoufflée, a, au contraire, soufflé toute activité politique dans la région de Kabylie, devenant la première, sinon la seule, force politique dans toute la région. Le tête-à-tête pouvoir-ârchs devient désormais inévitable. La satisfaction de la plate-forme d'El-Kseur, décrétée scellée et non négociable, ne semble plus faire de doute même s'il y a risque, une nouvelle fois, de voir les décideurs réagir à ces données politiques nouvelles avec quelques longueurs de retard. Désormais, ce mouvement sera incontournable. Il devient, de facto, partie prenante de toutes les décisions intéressant de près ou de loin la Kabylie. Même les élus locaux de la région, dont les suffrages demeurent plus que douteux, auront à traiter avec ce mouvement s'ils veulent que la cité soit convenablement et démocratiquement gérée. Une véritable crise politique est même en passe de se profiler à l'horizon. Des communes entières, en effet, n'ont pas enregistré le dépôt d'un seul bulletin. Elles se retrouvent, du jour au lendemain, sans représentants élus alors que dans le même temps, on enregistre des participations dont le nombre n'a même pas excédé celui du nombre de candidats ce qui veut dire, en termes crus, que même ces derniers n'ont pas tous voté. Un comble, qui donne toute la mesure de l'ampleur de la crise que le pouvoir aura à régler rapidement s'il ne veut pas que ce genre de situations kafkaïennes soit régulièrement reconduit à chaque échéance électorale, précipitant irrémédiablement la Kabylie vers une autonomie de fait. L'on est, peut-être, en train d'assister à une reconfiguration de la scène politique nationale. Le mouvement des ârchs, désormais investi, malgré lui, de nouvelles missions, sera peut-être amené à devenir une force politique même si son implantation localisée ne le met pas en conformité avec la loi organique relative aux partis politiques. Ce véritable phénomène rappelle, en quelque sorte, les fameuses forces de substitution une fois que la machine cale ou qu'elle se montre incapable de répondre aux attentes citoyennes.