Cette percée de l'extrême droite en France est gravement commentée par la rue en Kabylie. La grosse surprise du premier tour de la présidentielle française a fait des vagues même en Algérie. Plus que les autres informations, cette percée de l'extrême droite en France est gravement commentée par la rue en Kabylie. Une fois n'est pas coutume ! La nouvelle du jour a été, hier, pour la majeure partie des Kabyles, la montée de l'extrême droite, lors du premier tour du scrutin présidentiel français. Alors que «le coeur battait pour Lionel Jospin» et que «la raison donnait ses faveurs à Jacques Chirac», voilà que Jean- Marie Le Pen vient «brouiller les cartes». La communauté kabyle, fortement installée dans l'Hexagone et les familles restées en Algérie, n'en reviennent pas. Cette percée du Front national est carrément perçue comme une «véritable catastrophe». Tout le monde connaît, en effet, les positions défendues par cet ancien poujadiste et hérault de l'Algérie française. En Kabylie, c'est réellement la consternation, même, si pour l'heure, l'on se rassure en pensant à la volonté des partis politiques français de gauche et de droite de faire barrage à Le Pen. Mais, vous disent certains, il faut en tenir compte tout de même. Pour eux, «il faudra s'attendre désormais à une nouvelle donne pour l'émigration». Un vieil émigré, ayant passé plus de trois décennies à Argenteuil, a montré son «effarements»!. Il évoque, certes, le vote-sanction qui a frappé et la gauche et la droite, mais n'a pas manqué de souligner que «la peur de l'autre, notamment des Nord-Africains et plus spécialement des Algériens, existe réellement». Les problèmes que notre pays a traversés et surtout l'apparition de certaines «agressions», principalement dans les banlieues, ont fait peur aux Français! Selon lui, «ce serait cette peur, due plus à la méconnaissance qu'à autre chose, qui a fait ‘‘balancer'' l'électorat français dans les bras de Le Pen». En fait, la Kabylie a réellement peur estimant qu'avec «la montée en cadence de l'extrême droite, la France sera désormais une ‘‘nation'' interdite aux Algériens.» D'autres vont même jusqu'à évoquer un possible «retour au pays» des émigrés et bien entendu, une réelle interruption des relations avec ce pays. Un pays qui, soulignent plusieurs personnes, «abrite» actuellement des milliers d'émigrés, sinon des centaines de milliers dont une forte proportion de Kabyles. La région avec une industrialisation au ralenti, une agriculture à peine vivrière, et avec cette «menace», pour beaucoup, bien réelle de la montée de l'extrême droite, la Kabylie dont au moins 40% vivent directement ou indirectement de l'émigration, a réellement peur. Sans compter les divers pensionnés qui tremblent à l'idée de voir un nouveau pouvoir monter dans l'Hexagone et avec lui, un éventuel «gel» de cette source de revenus. Certes, l'inquiétude est là, mais cependant et malgré tout, il reste que beaucoup pensent à Chirac qui, disent-ils, peut faire barrage à l'extrême droite.