La Cipa vient de jeter un pavé dans la mare et rajoute une couche à la crise du lait qui s'installe. Un nouvel élément vient aggraver la «crise» du lait qui sévit depuis plusieurs semaines. La Fédération nationale de l'industrie agroalimentaire de l'agriculture et des pêches affiliée à la Confédération des industriels et des producteurs algériens (Cipa) monte au créneau et accuse l'Office national interprofessionnel du lait (Onil), l'autorité de régulation, de favoriser les «barons de la poudre». «Aux uns les super-rentes persistent; aux autres, la gestion kafkaïenne de la parcimonie et des miettes résiduelles une fois que le secteur public et les «barons» sont abondamment servis», s'indignent les auteurs du communiqué envoyé, jeudi dernier, par la Fniaap. «Il est permis alors de s'interroger pour quels intérêts cet office public fonctionne.», ajoutent-ils. Joint par téléphone, M.M'henni, président de la Cipa, a fait savoir que de nombreux opérateurs parmi les 97 que regroupent la confédération ont payé leurs quotas mais n'ont rien reçu en contrepartie. «On les a fait marcher. On les envoyait d'Oran vers Annaba et Annaba vers Oran, partout les dépôts étaient vides», note-t-il. En même temps, il affirme qu'il y a des producteurs à qui «on a proposé de la poudre clandestine». Cette pénurie de lait pasteurisé en sachet, devenue recurrente, affecte plusieurs régions du pays où des laiteries ont été dans l'obligation d'interrompre, pendant plusieurs jours, leur production faute d'approvisionnement en poudre de lait. Le directeur commercial de la laiterie de Draâ Ben Khedda, à Tizi Ouzou, cité par un confrère de tousurlalgerie, site d'information algérien, explique: «La chaîne de production a connu une rupture de deux journées, alors que dans l'ensemble, la production journalière est tombée de 320.000 litres à 240.000 litres». «Depuis trois mois, nous assistons à de graves perturbations que le secteur laitier n'a jamais connues auparavant: ruptures d'approvisionnement de laiteries, absences de poudre tantôt à 26%, tantôt à 0%, affectation des laiteries de l'est à l'ouest du pays et vice versa, séjours anormalement longs de containers de poudre dans les ports», révèlent les auteurs du communiqué. En juin dernier, une réaffectation des quotas de poudre de lait avait été validée par le Conseil interprofessionnel du lait. Une décision qui n'a pas été appliquée selon ces producteurs. «Hélas, cinq mois après et à l'aube de la nouvelle année, des reports en quorums non-atteints, de louvoiements en mesures dilatoires, les «barons de la poudre» malgré les sérieuses remontrances du ministre de l'Agriculture lors de la rencontre du 17 juin 2010, continuent à engranger de superbes rentes au mépris de toutes les promesses», déplorent-ils. C'est suite à l'intervention radiophonique du directeur de l'Onil, jeudi dernier, sur les ondes de la Chaîne III, que la Cipa avait décidé de se prononcer. «M.Djellouli a reconnu, hier, l'inexistence d'un stock stratégique au sein de cet organisme. Il s'est engagé également à mettre fin à cette crise du lait.», affirme M.M'henni. «Nous le mettons au défi de respecter cet engagement!», ajoute notre interlocuteur. Mercredi dernier, le premier responsable du département de l'agriculture avait déclaré dans une intervention radiophonique à la Chaîne I qu'«il n'y a pas de crise du lait en Algérie!». Quoi qu'il en soit, l'absence d'une quelconque pénurie de lait affirmée par plusieurs responsables ces derniers jours, est constamment infirmée par la réalité du terrain.