L'ex-numéro deux de la junte au pouvoir au Niger, arrêté vendredi, est détenu avec un autre militaire et les deux hommes sont accusés d'avoir «tenté de déstabiliser le régime de transition», a-t-on appris hier à Niamey de source sécuritaire. Le colonel Abdoulaye Badié, ancien numéro deux de la junte installée après le putsch de février, et le lieutenant-colonel Abdou Sidikou, «arrêtés depuis vendredi», sont accusés d'«avoir tenté de déstabiliser le régime de transition», a indiqué cette source sous couvert d'anonymat. «Depuis quelques semaines, ils étaient surveillés et on menait des investigations sur eux», a-t-on ajouté. «Ils sont accusés de tentative de déstabilisation du régime, un projet qu'ils concoctaient depuis trois mois et cela aux fins de prolonger la transition», a affirmé de son côté une source proche de la présidence, assurant que «leur projet devait aller jusqu'à éliminer» le chef de la junte, le général Salou Djibo. Selon une source militaire, les deux officiers «sont détenus à la gendarmerie où ils sont interrogés». D'insistantes rumeurs de coup d'Etat ont circulé ces dernières semaines à Niamey, où la présence des forces militaires est plus visible depuis quelques jours. «Le colonel Abdoulaye Badié a été arrêté» à son domicile, vendredi, vers 18h30, ont indiqué des membres de sa famille. «Nous ne savons pas où il est actuellement. Nous sommes inquiets», a ajouté un de ces proches sous couvert d'anonymat. Selon un autre proche de l'officier, il serait «gardé à la gendarmerie de Niamey». La situation du colonel Badié, dont le poste de numéro deux de la junte avait été supprimé le 10 octobre, restait incertaine depuis l'annonce, jeudi matin par plusieurs sources, de son arrestation. Il avait été finalement vu chez lui jeudi en fin d'après-midi. A l'issue d'un entretien avec le général Salou Djibo, chef de la junte, le président de la Commission de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), James Victor Gbeho, avait indiqué vendredi que celui-ci lui avait «assuré» qu'il n'y avait eu «aucune arrestation». Un membre du Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (Csrd, junte), le colonel Amadou Diallo, a par ailleurs été limogé vendredi de son poste de ministre de l'Equipement, selon un communiqué officiel lu à la radio publique. Il s'agit du dernier limogeage en date au sein du pouvoir décidé en quelques jours par le général Djibo. Les raisons du remplacement du colonel Diallo, seul à quitter le gouvernement, par le colonel Sorry Diallo Mahamane, n'ont pas été précisées. Le 8 octobre, le colonel Amadou Diallo avait déjà été limogé de son poste de commissaire du gouvernement (procureur) près le Tribunal militaire. Le général Djibo avait aussi limogé le même jour le haut commandant de la Garde nationale (ex-Garde républicaine), le lieutenant-colonel Abdou Sidikou. M.Gbeho, accompagné de Saïd Djinnit, représentant de l'ONU pour l'Afrique de l'Ouest, a également précisé avoir reçu du chef de l'Etat «des assurances fermes» que «le processus de retour à la démocratie serait conduit à son terme dans les délais fixés», malgré ce lourd climat.