Mourir à petit feu, tel est l'état des 462 travailleurs de cette filiale de l'Emac qui n'ont pas perçu leur salaire depuis plus de 9 mois. Endettée de pas moins de 2 milliards de centimes, cette unité de production n'est plus en mesure de payer ses employés. Furieux et désespérés, les 462 ouvriers observent un arrêt de travail, depuis le 3 septembre dernier et ce, jusqu'à satisfaction de leurs revendications. «On s'est sacrifié pendant 9 mois sans aucune récompense, maintenant basta», clame une dame. L'état lamentable de ces travailleurs - dont le plus récemment recruté compte plus de 20 ans de service - les a rendus incontrôlables et hostiles envers leur administration et leur syndicat. «Cela a rendu le dialogue difficile si ce n'est impossible», confie un syndicaliste. Cette entreprise, qui, jadis, était une référence de la chaussure algérienne, n'a pas pu retrouver sa stabilité, pourtant la demande et les commandes n'ont pas diminué. «Des commandes nous parviennent de l'étranger, faute de moyens, elles sont rejetées», explique un ouvrier. Le holding, qui est le propriétaire de cette unité, est incapable d'honorer les arriérés de salaire des employés et leurs allocations familiales. Et ce, malgré les trois tentatives de redressement effectuées dont la compression de plus de 1000 employés. Cependant, le seul effort qu'il a fourni en leur faveur, a été de leur donner, chaque fin de semaine, une avance de 1000 DA. Mais est-ce suffisant? «Non, nous déclare un employé irrité, j'ai neuf bouches à nourrir, avec une somme pareille, j'arrive à peine à acheter du pain et du lait». La rentrée scolaire, cette année a été très pénible pour les pères de famille qui étaient dans l'incapacité de satisfaire les besoins de leurs enfants. «Mon enfant n'a pas voulu retourner à l'école de peur d'être grondé par sa maîtresse», révèle un père en colère. Privatiser ou liquider Mac Still n'est même pas concevable étant donné que cette dernière ne possède aucun acte de propriété. En effet, depuis la création de cette filiale en janvier1998, l'acte d'autonomie ne lui a pas été fourni malgré les maintes réclamations déposées auprès des autorités. Le hic, cependant est dans le fait que Mac Still ne peut demander aucune aide financière des banques pour amortir ses redevances puisqu'elle ne procure aucune garantie. Outre cela, Districh, qui est l'unité de distribution de ses produits, refuse de lui rembourser 6 milliards de centimes «bien qu'elle en ait les moyens puisqu'elle a vendu un de ses sièges à 28 milliards de centimes», déclare un responsable. Tout compte fait, les ingrédients d'un véritable redressement de cette unité sont réunis en l'occurrence un important potentiel humain, une forte demande, et un matériel sophistiqué. Ce qui manque, en revanche, ce sont une volonté politique et des intentions sérieuses.