Seule candidate pour sa zone, l'Afrique du Sud a été élue, la semaine dernière, membre non permanent du Conseil de sécurité avec 182 voix sur 192 pour un mandat de deux ans (2011-2012). L'Afrique du Sud revient au Conseil de sécurité de l'ONU sous l'étroite surveillance des défenseurs des droits de l'homme qui l'accusent d'avoir piétiné l'héritage de la lutte anti-apartheid lors d'un précédent mandat à ce poste. Seule candidate pour sa zone, l'Afrique du Sud a été élue la semaine dernière membre non permanent du Conseil de sécurité avec 182 voix sur 192 pour un mandat de deux ans (2011-2012). Elle effectue son retour au coeur de l'organe décisionnel des Nations unies deux ans après s'y être attirée les foudres des ONG qui, comme Human Rights Watch (HRW), lui avait reproché de «s'aligner sur les forces réactionnaires». Sous la présidence de Thabo Mbeki, l'Afrique du Sud avait refusé de sanctionner sévèrement les violences au Zimbabwe après les élections de mars 2008, la répression par la junte birmane de manifestations en septembre 2007 ou encore le programme nucléaire du régime iranien. Le chef de l'Etat, apôtre de la «Renaissance africaine», critiquait la domination occidentale du monde et souhaitait laisser la chance à chaque pays de régler ses problèmes en interne. Or, cet argument avait été avancé par les autorités de l'apartheid quand elles tentaient d'empêcher les Nations unies d'adopter des sanctions à leur encontre. Ce qui n'a pas empêché le monde de se mobiliser contre la ségrégation raciale jusqu'à sa chute en 1994. Seize ans plus tard, les défenseurs des droits de l'homme espèrent que l'ancien mouvement de libération, le Congrès national africain (ANC), au pouvoir depuis les premières élections multiraciales, rendra hommage à son passé. «Nous exhortons l'Afrique du Sud à voter, cette fois, comme une démocratie quand des questions vitales pour les droits de l'homme sont en débat à l'ONU», a déclaré Hillel Neurer, directeur de l'association UN Watch. Le gouvernement du président Jacob Zuma, arrivé au pouvoir en mai 2009, a donné quelques signes encourageants. «Nous ne pouvons pas nous permettre de décevoir la confiance placée en notre capacité à promouvoir la paix et la sécurité dans le monde», a commenté la ministre des Affaires étrangères, Maite Nkoana-Mashabane, à son retour de New York. Sans mentionner l'ancien président Mbeki, elle a promis: «Nous ne renierons pas nos valeurs constitutionnelles et l'héritage de la lutte anti-apartheid pour marquer des points politiques». Autre preuve d'un infléchissement: l'Afrique du Sud a soutenu en novembre 2009 une résolution contre le Myanmar adoptée par le comité de l'Assemblée générale de l'ONU sur les questions sociales, rappelle Yolanda Spies, chercheuse à l'Université de Pretoria. «Mais la politique étrangère du nouveau gouvernement a également sa part de contradictions», estime-t-elle dans un article, en mentionnant l'ambiguïté de Pretoria face au mandat d'arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) contre le président soudanais Omar El Bechir. Pour elle, le gouvernement Zuma sera «davantage ouvert à la consultation» dans la sphère diplomatique que ne l'était Mbeki, qualifié d'«élitiste, ambitieux mais aussi contradictoire».