L'Afrique est le continent qui pâtit d'un déficit permanent de représentation au sein du Conseil de sécurité. «Le Conseil de sécurité souffre d'un déficit avéré de légitimité et de représentativité, alors qu'il est dominé par cinq puissances dotées du droit de veto», a souligné le président de la République. Intervenant lors de la 5e session ordinaire de la conférence de l'Union africaine (UA) qui s'est tenue à Syrte (Libye), Abdelaziz Bouteflika a réitéré qu'«il n'était plus acceptable» que cet organe auquel la Charte de l'ONU confère la responsabilité de maintenir la paix et la sécurité internationale, «continue de fonctionner dans l'opacité la plus totale». De ce fait, pour le chef de l'Etat, la réforme du Conseil de sécurité de l'ONU est devenue «une nécessité absolue». Une réforme démocratique du Conseil de sécurité consisterait, selon Abdelaziz Bouteflika, à «offrir l'occasion aux pays, grands, moyens ou petits, de participer à ces travaux à travers des formules transparentes et efficaces». L'option préconisée par Abdelaziz Bouteflika est d'opter pour «une position articulée sur la rotation» a révélé le chef de l'Etat qui précise que cette solution «est pour nous la plus apte à permettre à l'Afrique d'être mieux représentée au sein du Conseil de sécurité et à préserver l'unité de notre continent». En outre, le chef de l'Etat a affirmé que l'Afrique continuera à plaider pour une présence et une participation plus larges et plus efficaces aux travaux du Conseil, qui lui permettra, a-t-il expliqué «de mieux faire entendre sa voix dans l'unité et la cohésion». Regrettant que l'Afrique est le continent qui pâtit le plus d'un déficit permanent de représentation au sein du Conseil de sécurité, Abdelaziz Bouteflika a averti qu'il appartient aux pays africains de «savoir atteindre cet objectif tout en nous gardant de toute initiative pouvant nuire à notre unité et à la défense de nos intérêts communs», en réponse à la déclaration du président sénégalais Abdoulaye Wade. Ce dernier avait estimé qu'«il serait regrettable que les deux représentants permanents de l'Afrique soient tous d'une même aire linguistique. Si d'aventure c'était le cas, les problèmes de l'autre moitié de l'Afrique seraient exprimés (...) non directement, mais à travers une interprétation. Ce ne serait pas juste. Tout simplement» au moment où neuf pays se disputent la place. La réforme du Conseil de sécurité a été ces derniers temps une exigence de plusieurs pays africains, dont l'Algérie, qui n'ont cessé de demander un siège permanent pour l'Afrique au Conseil de sécurité. La question de la représentation de l'Afrique au sein du Conseil de sécurité a été déjà soulevée lors du 4e sommet de l'UA qui s'est tenu à Abuja. Mais compte tenu du «désaccord patent» subsistant sur la question entre Etats membres, elle a été différée. Dans le même sillage, le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan avait lui-même préconisé la désignation de 6 nouveaux membres permanents, un pour l'Amérique (Nord et Sud), un pour l'Europe, deux pour l'Asie, deux pour l'Afrique. De ce fait, dans le cadre de la réforme du Conseil de sécurité, «notre continent est donc justifié d'attendre qu'il soit rétabli dans la plénitude de ses droits» a ajouté le chef de l'Etat. D'autant que le groupe africain de l'ONU avec ses 54 membres est en mesure de jouer le rôle d'arbitre dans le grand débat de l'élargissement du Conseil de sécurité. L'Afrique est en mesure de faire pencher la balance pour ou contre le projet vedette d'expansion du Conseil, présenté par le G4 (Allemagne, Brésil, Inde, Japon) et soutenu par l'Allemagne et le Japon, qui consiste en la création de six nouveaux sièges permanents sans droit de veto, dont quatre reviendraient à ces pays et deux à des pays africains, pour un Conseil élargi à 25 membres au total. Il est clair que pour, l'Afrique, le projet du G4 est plus qu'alléchant. En effet, s'il était adopté, l'Afrique qui compte aujourd'hui trois sièges non permanents dans le Conseil à 15, passerait à six sièges dont deux permanents dans un Conseil à 25. Ce projet est plus intéressant que celui proposé par l'administration de Bush. Washington a accepté avec réticence l'élargissement du Conseil avec la création de deux sièges permanents l'un pour le Japon et l'autre pour un pays en développement non identifié. C'est dans ce contexte que Abdelaziz Bouteflika a appelé au renforcement des prérogatives de l'ONU et la restauration de son autorité, et à oeuvrer aussi pour que le Conseil économique et social «devienne un véritable forum pour la coopération et le développement, l'organe de suivi et de supervision de toutes les questions liées au développement».