Le président sahraoui a appelé le gouvernement marocain à ne pas rater l'occasion qu'offre l'actuelle tournée de Christopher Ross dans la région pour parvenir à un règlement pacifique. Le Sahara occidental est sur une poudrière. Les prochaines négociations entre le Maroc et le Front Polisario seront-elles celles de la dernière chance pour éviter l'explosion? Possible! «Mohamed Abdelaziz a averti le Maroc, de la responsabilité historique de la perte de cette occasion, estimant que si les prochaines négociations s'avèrent infructueuses, la situation sera plus grave que ce qu'elle est aujourd'hui et bien plus encore», a rapporté une dépêche de l'agence de presse officielle sahraouie, SPS, datée du 19 octobre 2010. Les mises en garde des responsables de la Rasd contre un risque de glissement du conflit vers la reprise de la lutte armée, ont été à maintes fois brandies. Pas comme moyen de chantage, mais surtout, comme unique moyen du peuple sahraoui de faire entendre sa voix pour pouvoir décider de son destin. Le face-à-face entre les représentants des deux délégations risque d'être des plus âpres. «Que le Maroc de Mohammed VI soit convaincu que les Sahraouis ont la volonté, la décision et les capacités pour reprendre le combat», avait indiqué Bachir Sayed (frère du chahid El-Ouali Mustapha Sayed membre fondateur de la Rasd, dont il fut le premier président. Il est tombé au champ d'honneur le 9 juin 1976), en marge des festivités commémoratives du 35e anniversaire de la Déclaration de l'union du peuple sahraoui. «Toutes les options droit ouvertes pour la libération et le recouvrement de l'indépendance, le peuple sahraoui est prêt pour le sacrifice», avait souligné pour sa part Abdelkader Taleb Omar lors de son discours de clôture de l'université d'été des cadres sahraouis, qui s'est tenue au mois d'août à Boumerdès. Le Maroc, de son côté, est décidé à ne pas céder un pouce des territoires du Sahara occidental qu'il a annexés depuis 1975. «Le Sahara est une cause cruciale pour le peuple marocain, uni autour de son Trône qui est le dépositaire et le garant de sa souveraineté, de son unité nationale et de son intégrité territoriale», a déclaré Mohammed VI à l'occasion d'un discours prononcé, pour célébrer le 34e anniversaire de la Marche verte. Que disait son défunt père? «S'il advient, cher peuple, que des agresseurs autres qu'Espagnols, attentent à ta marche, sache que ta valeureuse armée est prête à te protéger», avait prévenu Hassan II, trente-quatre ans plus tôt. Aujourd'hui, le discours reste aussi belliqueux et dans la même veine. «Le Maroc continuera à défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale sans renoncer au moindre pouce de son Sahara», a indiqué Mohammed VI au mois de juillet dernier, à l'occasion de la célébration du 11e anniversaire de son accession au trône. Le face-à-face entre Marocains et Sahraouis s'annonce des plus rudes. D'où le fameux statu quo «intenable» dénoncé par Christopher Ross. «Les parties (au conflit, le Maroc et le Front Polisario) doivent maintenant faire preuve de volonté politique nécessaire pour le surmonter (le statu quo)», a déclaré l'envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental après avoir été reçu lundi par Abdelaziz Bouteflika. De quelle marge de manoeuvre dispose-t-il pour faire accepter aux négociateurs marocains l'option du référendum d'autodétermination qui puisse garantir le droit au peuple sahraoui de se prononcer pour son indépendance? La légalité internationale? Elle est foulée aux pieds depuis plus de trente-cinq ans! Les responsables sahraouis sont arrivés au bout de leur patience. «Il faut développer les capacités de notre armée. Au cas où l'option des négociations ne permet pas au peuple sahraoui de réaliser ses objectifs, nous allons revenir au fusil», a estimé le président de la Rasd lors de son allocution qui a clôturé les festivités commémoratives du 35e anniversaire de la Déclaration de l'union nationale du peuple sahraoui, il y a tout juste une semaine. Mohamed Abdelaziz n'a pas cependant, perdu tout espoir d'un règlement pacifique du conflit. Il compte sur la visite de Christopher Ross pour «faire pression sur le Maroc pour assouplir sa position, et mettre un terme à l'intransigeance dont il est attaché en permettant au peuple sahraoui d'exercer son droit à l'autodétermination», a-t-il souhaité. Le représentant personnel de Ban Ki-moon aura à arbitrer un face-à-face dont l'issue risque très fort de déboucher sur un éternel statu quo qui compromettrait sa mission et n'arrangerait pas les affaires du Front Polisario.