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Ighil Nath Mohand, un village oublié
OULED RACHED (BOUIRA)
Publié dans L'Expression le 25 - 10 - 2010

Le gaz, l'AEP, l'assainissement, les routes, l'emploi sont autant de doléances exprimées par les citoyens.
Ighil Nath Mohand est un hameau qui regroupe plus de 500 personnes. Situé à environ 10 kilomètres du chef-lieu de la commune d'Ouled Rached, aux limites de la wilaya avec Bordj Bou Arréridj, ce village manque de tout. Au regard de la dynamique qui caractérise l'ensemble du territoire de la wilaya, les habitants se disent lésés et laissés-pour-compte. Le gaz, l'AEP, l'assainissement, les routes, l'emploi sont autant de doléances soulevées par les citoyens dans de nombreux écrits transmis au wali et aux diverses administrations.
L'inexistence d'opportunités d'emploi est à l'origine de l'exode vers les villes. Même la présence des carrières aux alentours de la commune n'a pas profité aux jeunes de cette contrée qui, quotidiennement, se rendent à Zriba, Bechloul et à Bouira pour essayer de s'occuper et glaner quelques sous, sachant que ces déplacements sont difficiles eu égard à l'inexistence des moyens de transport. Les clandestins restent maîtres des lieux et travaillent à leur guise. L'inexistence de possibilités d'emploi a fait du chômage un fantôme qui hante les esprits mais est aussi à l'origine de l'émergence de fléaux sociaux graves comme la consommation des stupéfiants, l'augmentation des vols et une déperdition des valeurs d'antan qui réagissaient les comportements sociaux dans les villages. D'ailleurs, Ighil Nath Mohand ne dispose d'aucune structure de jeunesse en mesure d'occuper cette frange de la société, livrée à elle-même. Le manque d'eau et la promesse de raccorder le village au réseau de transfert depuis le barrage Tilesdit, est un autre fait qui complique la vie quotidienne. En été, une citerne d'eau potable est livrée moyennant 600 DA. Le gaz butane reste le seul moyen énergétique disponible. Devant la hausse du prix de la bouteille de gaz, surtout en hiver où la consommation est plus importante, certains jeunes ont bravé le danger, violé la loi pour recueillir le bois dans les forêts alentours et le vendre. «La situation de pauvreté, le désespoir engendré par le non-accès à un poste d'emploi et la nécessité de compter sur soi poussent les jeunes à basculer dans l'illégalité», pense un sexagénaire qui précisera que la région s'est levée contre les fossoyeurs de la République pendant toute la tragédie nationale. L'agriculture, unique opportunité susceptible de résorber une bonne partie de la population, connaît un faible essor. Les divers programmes retenus ne connaissent pas une grande avancée. Quelques familles ont investi dans l'apiculture surtout que le village est entouré d'une dense forêt. Les difficultés de commercialisation du produit, freinent l'activité. L'agriculture continue à être traditionnelle et se résume à nourrir la petite famille. Sur le plan de la couverture sanitaire, l'unique salle de soins ne répond pas aux exigences en la matière nonobstant la population. Ne pouvant pas assurer les services nécessaires et appropriés, le manque de fournitures médicales telles que les médicaments, le manque de personnel médical, obligent dans de nombreux cas les patients à aller vers les hôpitaux des villes avoisinantes. Pourtant, les villageois d'Ighil Nath Mohand continuent à croire en l'avenir, eux qui ont longtemps souffert du fléau du terrorisme. L'inscription de plusieurs projets d'utilité publique et la détermination de l'administration locale à concrétiser ses promesses sont des faits qui sortiront certainement le village de son isolement et mettront un terme à des années d'oubli et de marginalisation. Pour ce faire, les villageois sollicitent l'intervention directe du wali et des autorités concernées afin de les sortir du cercle de la misère et des privations qui leur sont imposées depuis des années.


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