Sabéha Benmansour, maître de conférences à l'université de Tlemcen, est présidente de l'association culturelle La Grande maison et du Conseil du prix littéraire Mohammed Dib. Rencontrée à Tizi Ouzou, lors du colloque sur l'auteur de L'Incendie, elle nous a accordé cet entretien dans lequel elle parle des activités et des projets de son association. L'Expression: Pouvez-vous nous présenter votre association et nous dire quels sont ses objectifs? Sabéha Benmansour: L'association La Grande maison a été créée en 2001. Durant cette année, nous avons organisé la première session du prix Mohammed Dib. Ce prix est la pierre angulaire des activités de notre association. Dès le départ, nous avions tracé nos objectifs. A partir d'un lieu emblématique, Tlemcen, nous essayons d'élargir l'espace du lectorat autour de l'oeuvre de Dib et tenter de soulever une relève. Le prix Mohamed Dib est attribué tous les deux ans et les critères du choix du lauréat sont variés, comme la pluralité, la diversité, la richesse linguistique. L'appel à la participation est lancé en janvier, tous les deux ans. L'évaluation prend une année. Qu'en est-il du jury qui a la dure mission de sélectionner l'heureux lauréat? C'est un jury international présidé par la spécialiste de l'oeuvre de Dib et universitaire Nadjet Khadda. A présent, le jury est composé de dix-huit membres dont des écrivains, des lecteurs critiques, des universitaires... En plus des Algériens, il y a au sein du jury, des Français, des Maghrébins et des Allemands. Tous ont aimé Dib et l'Algérie. Lors de la première édition, le Prix avait été remis par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Le premier lauréat a été le romancier et nouvelliste Habib Ayoub. Ce dernier avait participé avec un recueil de nouvelles C'était la guerre. En 2006, le prix est revenu à l'écrivain Hamid Ali Bouacida. Et la troisième édition, c'est le journaliste Kamel Daoud qui a été sélectionné par les membres du jury. Ce dernier avait été retenu, à l'unanimité, par les membres du jury. Parlez-nous de la prochaine édition... On saisira l'opportunité de ce que nous avons voulu réaliser en 2011 à l'occasion de «Tlemcen, capitale de la culture islamique». C'est une occasion pour mettre en valeur tout notre patrimoine philosophique et culturel, c'est-à-dire tout ce qui constitue le socle de la région. Au sujet du prix Mohammed Dib, il y a également une innovation, n'est-ce pas? La nouveauté, c'est l'élargissement du Prix aux écrivains d'expression arabophone et berbérophone. Quelles sont les sources de financement du Prix? Les financements nous proviennent de la wilaya de Tlemcen et de Sonatrach. Nous souhaitons une contribution du ministère de la Culture. Son apport pourrait pérenniser ce Prix. Je sais qu'au ministère, ils sont sensibles et qu'ils sont en train d'y penser sérieusement. En plus de ce prix, votre association est très active comme nous avons eu à le constater lors du colloque. Parlez-nous de cet autre aspect... Effectivement, notre association a plusieurs ateliers. Ces derniers peuvent avoir accès à l'oeuvre de Dib. Nous avons des ateliers de lecture qui poussent les jeunes à traverser l'oeuvre. Nous animons aussi des ateliers de théâtre, de mise en scène. Des adhérents créent leurs propres textes en rapport avec l'oeuvre de Dib. Depuis 2006, nous avons des ateliers de cinéma. De quoi est constitué le public qui fréquente votre association? Parmi les adhérents de l'association, il y a des étudiants, toutes filières confondues, des lycéens, des enfants ainsi que des fonctionnaires et des cadres. Tous se réunissent autour de la fierté d'avoir une figure aussi emblématique que celle de Dib. L'ensemble de ces activités visent à aider à lire cette oeuvre dans ses relations à tout ce qui est extérieur. Quel est le secret de la longévité de votre association? La recette est dans le renouvellement permanent. Tous les ans, il y a quelque chose de nouveau qui se crée. Nous avons ouvert les portes aux jeunes. On les a responsabilisés par rapport à leur propre rôle à jouer, un rôle à prendre en charge et à assumer jusqu'au bout. Avez-vous des activités culturelles en dehors de Tlemcen? Nous assurons des échanges culturels avec de nombreux pays dont la France et l'Allemagne avec la création d'ateliers communs. Pour terminer, quels sont les projets de votre association? Actuellement, nous sommes en train de mettre sur pied un montage théâtral en arabe et en français adapté du livre de Dib, intitulé Simorgh. C'est le cas aussi du roman L'Aube Ismaïl, traduit vers l'arabe par Miloud Hakim et édité par Barzakh. Nous comptons créer un prix littéraire pour le meilleur auteur de l'année qui sera choisi, en plus du jury, par les libraires et les éditeurs.