Eau, impôts et concurrence sont des secteurs à moderniser en collaboration avec les Européens. Mustapha Benbada, ministre du Commerce explique les vertus de l'Accord d'association avec l'Union européenne en évitant soigneusement d'évoquer la dernière demande de révision du calendrier d'application de ce même accord. Dans un entretien accordé à la Lettre du P3A (Programme d'appui à l'Accord d'association), il a indiqué que ce texte peut avoir des effets positifs sur le citoyen. Comment ce programme de rapprochement institutionnel pourrait bénéficier au citoyen algérien, lui est-il demandé. Le ministre commence par admettre que d'autres projets de coopération comme PME II ou Facico (destiné à la facilitation du commerce) ont des effets plus visibles sur le terrain. «Mais le citoyen est en fait au coeur des objectifs finaux de toutes les actions menées par le P3A», dit-il. Il donne l'exemple de l'amélioration des règles de la concurrence qui permettra aux consommateurs algériens de trouver sur le marché des produits et des services dans un cadre plus transparent et plus compétitif aux meilleurs niveaux de prix et de qualité. L'autre exemple sur lequel il s'appuie pour étayer son argumentation est le jumelage dont bénéficiera la direction générale des impôts visant «carrément l'amélioration des relations avec les contribuables». C'est la même chose pour le jumelage dont bénéficiera l'Algérienne des eaux qui a comme objectif d'améliorer la qualité de l'eau. Toutes ces actions vont permettre également aux institutions algériennes d'atteindre les niveaux de compétence et de savoir-faire les plus élevés, pour répondre aux besoins des citoyens algériens, selon Benbada. C'est pour lui une manière de bénéficier des instruments de coopération de l'UE. On est loin des récriminations du directeur général du commerce extérieur au ministère du Commerce, Chérif Zaâf, selon lesquelles pour 1 dollar exporté vers l'UE, l'Algérie en importe pour 20 dollars. C'est ce qu'il a dit en mai dernier pour illustrer le déséquilibre des relations commerciales entre les deux entités. Le ministre explique que le P3A permet le rapprochement des personnes, l'échange d'expériences et la rencontre des institutions homologues. Mais il n'a pas pour rôle d'influencer les relations politiques ou commerciales. Il vise «à rapprocher le plus possible les administrations concernées dans tous les domaines où l'entente peut bénéficier aux deux parties», est-il précisé. Benbada est explicite. Pour lui, «il est clair que l'Accord d'association fixe les domaines et les priorités des activités du P3A» et qu'il faut donc «plutôt voir ce programme comme une conséquence, un outil de mise en oeuvre que comme un élément à prendre en compte dans les négociations bilatérales entre l'Algérie et l'Union européenne». En termes diplomatiques, il faut comprendre de la déclaration de Benbada que les techniciens travaillent au succès de l'Accord d'association malgré les frictions politiques. Cela rejoint les convictions de Laura Baeza, chef de la délégation de l'Union européenne à Alger, selon lesquelles l'application de l'accord se déroule selon les prévisions et qu'il faut que les Algériens cessent de le critiquer à tout bout de champ. Les objectifs du P3A ont bien été concrétisés et les résultats demeurent palpables, juge le ministre. La satisfaction est telle qu'en sus de ce qui a été lancé et réalisé pour le P3A dans sa première phase, «l'Unité de gestion du programme continue à travailler dans la bonne voie, puisque diverses autres idées de jumelages et de thématiques variées d'assistance Taiex (mission des Européens de courte durée) identifiées avec d'autres ministères demandeurs, en vue d'alimenter le pipeline et le cahier des charges des prochains programmes P3A (2) et P3A (3) qui assureront le relais par un financement plus conséquent évalué respectivement à 25 et 30 millions d'euros», selon le ministre.