Se mettant à l'avant-garde, la Première dame du pays, Mme Leïla Ben Ali, refuse que la femme soit considérée comme un auxillaire mais plutôt comme un acteur incontournable dans le développement durable. La Tunisie discute le statut de la femme arabe. Le troisième congrès de l'Organisation de la femme arabe (OFA), qui s'est ouvert jeudi dernier à Tunis, a mis les projecteurs sur les préoccupations et les ambitions de la femme. «La femme arabe, un partenaire essentiel dans le développement durable», ce thème principal renseigne sur la place que veut attribuer la Tunisie à la gent féminine. La première dame du pays, Mme Leïla Ben Ali, présidente actuelle de l'organisation refuse que la femme soit considérée comme un auxiliaire mais plutôt comme un acteur et un partenaire incontournable dans le développement durable. «Il n'y aura pas de développement durable en l'absence de la femme», a-t-elle soutenu lors de son intervention à l'ouverture des travaux du congrès. Pour Mme Ben Ali, brider ce potentiel humain serait un échec pour toute politique de développement. Autrement dit, les sociétés doivent changer leurs regards envers la femme en la considérant comme un acteur indispensable dans le processus de développement. La femme a fait ses preuves dans plusieurs domaines, il est temps de lui redonner la place qu'elle mérite au sein de la société. Certes, les indicateurs éducatifs et sociaux montrent que la femme a réalisé un grand exploit, il n'en demeure pas moins que beaucoup reste à faire. «Il faut s'affranchir de la trilogie de la peur, de la pauvreté et de la discrimination», a-t-elle plaidé devant une importante assistance de femmes des chefs d'Etat arabes et des délégations ministérielles. La porte-parole des droits de la femme arabe estime que ces trois facteurs constituent un handicap au processus d'émancipation de la femme dans le monde arabe. Développant une vision moderne, la présidente de l'OFA veut porter les aspirations de la femme plus loin en consacrant l'égalité des chances entre la femme et l'homme. «L'accès de la jeune fille à l'instruction n'entraîne pas nécessairement pour elle l'accès à des opportunités d'emploi, d'insertion dans le processus de développement et de participation à la vie publique», a-t-elle souligné. Ce message traduit la volonté de Mme Leïla Ben Ali à consacrer une place prépondérante de la femme dans la gestion de la vie publique. Consciente des défis que rencontre la femme dans le monde arabe, la présidente de l'OFA s'engage à mener la bataille de l'égalité des chances. «La participation de la femme à la vie économique est l'un des principaux critères sur lesquels se mesure le degré d'évolution des sociétés», a-t-elle ajouté. Vu la difficulté que rencontrent les femmes entrepreneurs dans l'accès au marché, la présidente de l'OFA a appelé à l'organisation d'un forum périodique des artisanes arabes dans les diverses spécialités et la mise en place d'un réseau de commercialisation solidaire de leurs produits. Cette approche permet de lever les barrières qui empêchent les femmes de s'imposer sur le marché. En plus des programmes de lutte contre l'analphabétisme, la porte- parole des droits de la femme arabe a appelé l'agent féminin à plus de maîtrise des technologies modernes. Par ailleurs, le congrès, qui s'étale sur trois jours, consacre des ateliers sur différentes questions liées à la femme. L'éducation, l'environnement, le développement local et durable, la participation dans la vie politique, sociale et économique sont les différents aspects qui seront débattus durant les trois jours. La participation algérienne a été remarquable. L'ancien directeur de la Bibliothèque nationale, l'écrivain Amine Zaoui, a soulevé un problème de taille dans sa thèse portant sur la femme et l'aspect éducatif et culturel dans le développement durable. Il a axé son analyse essentiellement sur le rôle de l'école et de l'élite. «Il faut revoir les programmes éducatifs, si on veut promouvoir le rôle de la femme», a-t-il suggéré. Sans ambages, Amine Zaoui estime que le changement des mentalités passe automatiquement par l'école et l'élite. La ministre déléguée Nouara Djaâffar, qui conduit la délégation algérienne, a présidé un atelier sur le rôle de la femme dans la protection de l'environnement. «Nul ne peut nier le rôle que joue la femme dans la protection de l'environnement», a-t-elle soutenu.