«Oui, on peut réaliser aujourd'hui un film du niveau de L'opium et le bâton. C'est juste une question de moyens», a affirmé le grand réalisateur, Ahmed Rachedi, lors de sa conférence au Sila autour du thème «Littérature et cinéma». Ahmed Rachedi, répondant aux questions des présents, a aussi indiqué qu'il y a, aujourd'hui, des cinéastes de talent et ce n'est pas du tout à cause de ces derniers qu'il y a une faible production cinématographique dans notre pays. Ahmed Rachedi, pour étayer ce qu'il avance, a parlé de la barrière financière qui empêche les cinéastes de faire éclore leur talent. L'orateur a rappelé qu'un film coûte beaucoup d'argent et il a rappelé aussi le problème d'absence de salles de cinéma dans notre pays qui pénalise tant ce secteur. Revenant sur la relation entre littérature et cinéma, Rachedi a souligné que, de tout temps, le cinéma a été obligé de puiser dans la littérature. Il a avancé que 80% des films qui sont réalisés sont des adaptations à partir de romans. Ahmed Rachedi a toutefois reconnu la difficulté de retranscrire un roman en film. Mettre un roman de 300 pages dans un film de deux heures est difficile. C'est pourquoi il est souvent fait recours à des choix de passages à privilégier au détriment d'autres. Pour Ahmed Rachedi, réalisateur d'un des plus grands films algériens, à savoir L'Opium et le bâton, (tiré du roman de Mouloud Mammeri), il est pratiquement impossible de réaliser une adaptation fidèle d'un roman au cinéma pour la simple raison que le langage des mots est différent du langage de l'image. «Il y a toujours un décalage entre la scène racontée par un écrivain et celle d'un film». C'est pourquoi, explique le conférencier, il existe plusieurs sortes d'adaptations. Il y a d'abord l'adaptation fidèle qui est illusoire, il y a l'adaptation libre et enfin la transposition. Cette dernière technique permet de recréer carrément une nouvelle oeuvre à partir de l'idée du roman en injectant des scènes inédites. Ahmed Rachedi a cité les chefs-d'oeuvre de la littérature ayant été adaptés en films et qui n'ont pas été forcément une réussite cinématographique. L'orateur a ainsi évoqué Madame Bovary de Gustave Flaubert, Notre Dame de Paris de Victor Hugo, Germinal de Emile Zola, etc. Ahmed Rachedi a indiqué que Madame Bovary de Flaubert est l'un des romans qui a été le plus de fois porté au cinéma.