Si les Palmiers blessés, une coproduction tuniso-algérienne, rafle le Prix du jury enfant, Le Voyage d'Alger de Abdelkrim Bahloul a été le récipiendaire du Prix du public et du Tanit d'argent. C'est dans une ambiance bon enfant que la cérémonie de clôture de la 23e édition des Journées cinématographiques de Carthage a eu lieu, dimanche soir, en direct du théâtre municipal de Tunis, en présence du ministre de la Culture et de Sauvegarde du patrimoine tunisien, et les festivaliers. Durant neuf jours, les Tunisois ont vécu au rythme du cinéma arabe et africain. Un programme chargé a été tracé durant les JCC 2010, décliné en ateliers de projets, projections, rencontres, colloques, mais aussi débats, échanges et partage. Un festival dédié à la jeunesse, ayant permis au public de rire, de pleurer mais aussi de rêver. Avant de dévoiler le palmarès, un prix a été décerné à la documentariste égyptienne, Ateyyat El Abnoudi, offert par la présidence de l'Organisation de la femme arabe. Après un récapitulatif palpitant en images des journées passées durant ce festival, place a été donnée à la remise des prix aux meilleurs projets de film. Ce sont onze porteurs de projets qui ont été en effet amenés à défendre leurs oeuvres en tentant de décrocher les bourses offertes par diverses institutions. Parmi ces réalisateurs chevronnés, on citera l'auteur du court métrage Khouya, en compétition officielle, l'Algérien Yanis Koussim qui a été le récipiendaire du prix Sotigui Kouyaté, d'une valeur de dix mille euros. Yanis Koussim a participé à l'atelier «Projets» avec un scénario de long métrage intitulé Bahara. D'autres prix à la finition ont été attribués par la suite. Mais avant cette cérémonie des prix, la musique a eu droit de cité avec Alia Salami. Puis place à la sélection du meilleur court métrage national. Le Deuxième prix est revenu au romantique The last song de Hmeida Behi tandis que le Premier prix est revenu à l'excellent court métrage Vivre de Walid Tayaâ. Le Tanit d'Or du meilleur documentaire, autre nouveauté de ce festival cette année, est revenu au très drôle mais intelligent Fix me du Palestinien Raed Andoni. Le Prix du jury enfant est revenu quant à lui au film Les Palmiers blessés de Abdelatif Ben Amar, une coproduction tuniso-algérienne. Autrement dit, une distinction pour nous aussi Algériens. Dans son intervention, le président du jury de la section long métrage dira avoir primé ce qui semblait être «innovant et inspirant» tout en faisant remarquer qu'il reste beaucoup à faire car «le cinéma ne va pas bien», dit-il. Dans la catégorie compétition internationale du court métrage, le Tanit de bronze a été décerné à l'Ethiopien Lezare de Zelam Woledmariam. Le Tanit d'argent est revenu à Pumzi de Wanuri Kahiu, ou comment l'humanisme est traité dans un film de science-fiction. Le Tanit d'Or du meilleur court métrage est revenu à Linge sale de Malik Amara pour «sa cohérence esthétique sur un récit mené avec poésie» sur la société de consommation et le mariage notamment. Le Prix du public est revenu haut la main à Voyage à Alger d'après l'histoire autobiographique de son réalisateur, Abdekrim Bahloul. Ce dernier a émis un souhait à la tribune du Théâtre municipal de Tunis, celui de voir un jour abolir les frontières qui séparent l'Algérie, la Tunisie et le Maroc. Le Prix de la meilleure interprétation masculine est revenu à l'Egyptien Yacine Asser dans le film Message de la mer de Daoud Abdel Sayed, tandis que le Prix de la meilleure interprétation est revenu à Denis Newman dans le bouleversant film sud-africain Shyrley Adams de Oliver Hermanus. Avant de décerner la mention spéciale, Raoul Peck dira combien il est parfois injuste de récompenser certains films et pas d'autres. «Quel que soit le résultat final, il reste quelque chose qui nous touche et c'est déjà beaucoup.» Ainsi, la mention spéciale est revenue au film libanais Chaque jour est une fête, du réalisateur Dima El Horr et ce, pour ses «tableaux iconoclastes d'un grand contraste avec un monde où ni l'amour ni la guerre n'ont de sens». Le Tanit de bronze a été, quant à lui, décerné au film très drôle mais au discours réfléchi La Mosquée du Marocain Daoud Ayoulad Syad. Le Tanit d'argent a récompensé Le voyage d'Alger car il nous rappelle, nous souligne-t-on «que notre liberté repose sur ce qui a été précédé» en reconnaissance à une femme courage qui a su aller jusqu'au bout de son combat. Enfin, le Tanit d'Or est revenu au film égyptien Microphone d'Ahmad Abdalla avec dans le rôle principal Khaled Aboul Naga présent en outre aux JCC en tant que membre de jury dans la catégorie documentaire et meilleur court national. Microphone a été primé pour l'audace du sujet traité, pour sa musique dans une société qui refuse de lui octroyer une place. Le réalisateur soulignera, en effet, que ce film donne l'opportunité de s'exprimer à ceux qui n'ont pas de voix. Ce prix va faire la différence et encouragera certainement les autres artistes en Egypte», dira le sémillant et sympathique Khaled. Notons que la compagnie d'assurance française Groupama a promis d'octroyer dix mille euros pour ce film comme aide à sa distribution dans le monde.