«Les prix excessifs sont fixés selon le poids du mouton et les cornes de la bête font totalement la différence.» L'approche de l'Aïd el Kébir est-il synonyme de vols de cheptel? Il faut le croire, du moins, à Oran. Au moins cinq cas de vol de cheptel ont été enregistrés ces vingt derniers jours, selon des sources proches de la direction de l'agriculture. La majeure partie des vols ont été commis dans les communes rurales comme Boufatis, Tafraoui, El Braya et Hassi Bounif. Les cinq victimes se sont rapprochées des services de la Gendarmerie nationale qui, après enquête, a pu récupérer un troupeau composé de 90 têtes et arrêté les auteurs du délit. Le mode opératoire varie selon la nature de la construction des étables, toutefois, le plus en vogue est connu puisque classique. Ce dernier consiste à s'introduire, de nuit, dans les écuries, conduire le troupeau et l'embarquer à bord de camions mobilisés à cet effet. «Le butin» est ainsi acheminé vers d'autres wilayas, notamment celles du Centre. Les troupeaux ciblés sont ceux des Hauts-Plateaux, Saïda, Tiaret, Mechria et Bougtob. Ils sont appelés «moutons de l'Alfa», et réputés pour les vertus et les valeurs nutritionnelles de leur chair. Le dossier «vols de cheptel» est systématiquement ouvert à l'approche de l'Aïd. Les éléments de la Gendarmerie nationale sont en alerte permanente. Cependant, ce qui semble compliquer et parfois freiner les enquêtes est l'absence de textes réglementant l'activité d'élevage du bétail tandis que la grande difficulté rencontrée réside dans l'identification des cheptels. «Malgré la mobilisation et le déploiement, un peu partout, des éléments de la Gendarmerie nationale, la vente des moutons de l'Aïd est devenue, ces derniers temps, un véritable casse-tête chinois pour les gendarmes vu que cette activité n'est régulée par aucune loi hormis la désignation, rituelle des lieux de vente», a indiqué un gendarme ajoutant que «cette difficulté se complique davantage lorsque la victime dépose plainte, ce dernier se retrouve souvent dans l'incapacité d'avancer des signalements et renseignements précis sur son troupeau volé». A quelques jours de l'Aïd El Kébir, une véritable frénésie s'empare des Oranais. Le motif est l'achat de la bête du sacrifice. Le mouton de l'Aïd doit être cornu, gros et cogneur. Avant même que cette bête, tant recherchée, ne soit trouvée, le chaland subit les «sévices» et les «cognées» des maquignons et marchands de bétail. «Les prix, qui sont excessifs, sont fixés selon le poids tandis que la beauté et les cornes de la bête font totalement la différence», a expliqué un père de famille, rencontré dans la petite localité d'El Hamoul, près de la daïra de Oued Tlélat ajoutant que «le prix du mouton d'un poids d'environ 20 kg est fixé à 40.000 dinars, cela laisse supposer que le prix du kilogramme de viande revient à 2000 dinars, ce qui est excessivement onéreux». «C'est à prendre ou à laisser», s'accrochent à dire, pour leur part, les maquignons les plus scrupuleux. Ces derniers sont unanimes à dire que les prix appliqués sont tributaires de plusieurs paramètres. Lesquels paramètres concernent, notamment les frais de l'élevage comme et surtout le prix des aliments de bétail. A cela, il faut ajouter la cherté des frais de transport et de leur déplacement d'une wilaya à une autre sans compter d'autres charges à régler une fois que le troupeau est mis dans le marché à bestiaux.