Bercé par le rêve d'un avenir meilleur, Fateh Mahrez, un jeune gaillard de 25 ans a quitté sa ville natale, Mohammadia, dans la wilaya de Mascara. Malheureusement, son rêve devient cauchemar quand il tombe entre les serres d'une organisation mafieuse de passeurs qui «plume» les jeunes clandestins. Fateh, après un traitement inhumain, perdra la vie le 5 octobre dans une chambre de l'hôpital de Tlemcen. Son père Hocine, les yeux pleins de larmes, ne sait pas par quel bout commencer la terrible histoire de son fils. «Fateh nous a quittés le 14 septembre pour rejoindre l'enclave espagnole de Ceuta. Il était accompagné, durant son voyage, d'un jeune homme de son âge, originaire du douar Djehar et d'un individu, membre d'un réseau de passeurs» dira son père qui précisera que son fils avait remis la somme de 40.000 DA, qui devait lui permettre de rejoindre l'Espagne sans encombres. Quelques jours plus tard, le groupe réussit à franchir les frontières avant d'être pris en charge par des Marocains qui faisaient partie du réseau de passeurs. «Ils le font entrer dans la localité de Casayajo dans le territoire espagnol de Ceuta. Après deux jours, les passeurs le dénoncent à la police. Arrêté, il est remis à la police marocaine qui le jette en prison. Après un traitement inhumain, il est dépouillé de tous ses biens», précisera Hocine, son père. Le 5 octobre, il est découvert dépouillé de tous ses biens et même de ses vêtements au niveau de la bande frontalière. «Transi de froid et de faim, le corps ensanglanté, mon fils a été conduit à l'hôpital de Tlemcen où il rendit l'âme», dira son père entre deux sanglots. Fateh avait subi un traumatisme crânien, il avait des côtes et le bras droit fracturés. Victime d'une hémorragie cérébrale, il n'a pas survécu à ses blessures. «Seul un petit bout de papier où il avait inscrit son nom, le mien ainsi que celui de sa ville natale a permis son identification», dira son père. Les services de sécurité marocains n'en sont pas à leur première agression sur les clandestins. Les Africains de Oued Jorji dans la région de Maghnia en connaissent un bout. Beaucoup de jeunes Algériens partis à l'aventure, tombent entre les griffes de réseaux de passeurs, qui, souvent de connivence avec la police marocaine, les délestent de tous leurs biens avant de les expulser vers l'Algérie. Les autorités marocaines n'ont rien fait à ce jour pour que cesse le traitement inhumain que subissent les jeunes clandestins algériens. Cette situation, somme toute inexpliquée, devrait les pousser à être plus corrects, car les clandestins marocains qui échouent sur nos plages sont soignés, choyés, nourris, habillés avant d'être reconduits vers la frontière.