Des journalistes ont emprunté la piste hasardeuse qui mène aux portes de l'Europe, ces candidats à une vie meilleure. De Dakar à l'île italienne de Lampedusa, Fabrizio Gatti, journaliste au grand hebdomadaire italien l'Espresso, a refait le voyage périlleux et coûteux qu'entreprennent des milliers d'hommes et de femmes. «Effectuer ce voyage, c'était pour moi une manière de restituer humanité et dignité à ces clandestins qui, par pudeur, taisent les humiliations et les violences subies sur ce parcours», confie Fabrizio Gatti dont le livre, Bilal, sur la route des clandestins, vient de paraître en France. Les dangers sont multiples : bandits de grand chemin, passeurs avides, traversée du Sahara sur des véhicules hors d'âge. «Et quand, après tous ces obstacles, ils parviennent en E, nous les exploitons comme des esclaves et les accusons de tous les maux: un clandestin impliqué dans un fait divers, ça fait la ‘'une'', mais cent clandestins noyés, c'est relégué en fin de journal», déplore ce journaliste qui a déjà mené plusieurs enquêtes en «infiltré». Olivier Jobard, lui, n'écrit pas. Il photographie. Pour l'agence Sipa, il a suivi le voyage de Kingsley, un jeune Camerounais de 22 ans, de la région de Limbe, dans le golfe de Guinée, jusqu'à sa récupération par les gardes-côtes espagnols. «Ce que j'ai vécu, je ne recommanderai à personne de le tenter», avoue-t-il. Lui aussi journaliste, Francesco de Filippo s'arrête dans un roman, Le naufrageur, sur l'histoire d'un Européen «clandestin» : celle de Pjota, jeune Albanais qui se retrouve sous la coupe d'un chef mafieux de son pays natal et à qui, malgré tous ses efforts, l'Italie refusera l'intégration.