Les situations au Moyen-Orient et au Sahara occidental seraient les deux conditions imposées par Alger pour sa participation au prochain sommet. La diplomatie espagnole joue au pompier en venant au secours du Quai d'Orsay. Miguel Angel Moratinos, l'envoyé spécial du gouvernement espagnol, porte le gilet de sauvetage espérant éviter le grand naufrage de l'Union pour la Méditerranée. Dans une tentative de relance du processus, en situation de stagnation, M.Moratinos était mercredi et jeudi derniers à Alger pour convaincre les dirigeants algériens de participer au deuxième sommet de l'UPM prévu à la fin de ce mois à Barcelone, en Espagne. L'ancien ministre espagnol des Affaires étrangères s'est entretenu avec le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, et Mourad Medelci, chef de la diplomatie algérienne. L'hôte d'Alger était porteur d'un message du chef du gouvernement espagnol Jose Luis Rodriguez Zapatero, au Président Abdelaziz Bouteflika. Madrid souhaite que ce deuxième sommet voie la participation de tous les pays ayant pris part au sommet du lancement de ce processus, à Paris en juillet 2008, qui a regroupé 43 chefs d'Etat et de gouvernement. Le chef de gouvernement espagnol M.Zapatero souhaite que M.Bouteflika se rende à Barcelone pour y prendre part. Toutefois, Alger réserve sa réponse, entretenant le suspense quant à la présence de l'Algérie à ce sommet. Selon les milieux diplomatiques, la situation au Moyen-Orient et les derniers développements survenus au Sahara occidental ne sont pas étrangers à la position d'Alger concernant sa participation ou non à la réunion de l'UPM. Pour Alger, le prochain sommet serait sans objet au vu des situations conflictuelles prévalant tant au Sahara occidental que dans les territoires palestiniens occupés. «On ne peut pas parler d'avancement de ce processus ni de la concrétisation des projets alors qu'Israël continue dans sa politique de massacre du peuple palestinien», a déclaré M.Medelci, lors d'une de ses interventions médiatiques. Pour ce qui est du Sahara occidental, ancienne colonie espagnole, la répression féroce par les forces d'occupation marocaines contre un camp de Sahraouis près d'El Aâyoune, chef-lieu du territoire - qui ont fait plusieurs morts et autant de blessés - met en exergue l'urgence de trouver une solution qui ne pénalise pas le peuple sahraoui. Aussi, l'Algérie estime qu'il est plus pressant de trouver une issue à ces conflits, condition sine qua non pour relancer l'UPM. Après son escale d'Alger, M.Moratinos s'est rendu à Paris pour discuter avec les dirigeants français. Une question mérite, cependant, d'être soulevée dans de telles circonstances. Pourquoi Madrid, et non Paris, qui tente de convaincre Alger d'être présente à Barcelone? Certes, le deuxième sommet se tiendra en Espagne, mais c'est la France qui assure la coprésidence de l'UPM avec l'Egypte. D'autre part, ce processus est surtout un projet cher à la France. Il s'agit d'une idée du président français, Nicolas Sarkozy, avant même son élection au palais de l'Elysée. Le surplace de l'UPM est un échec, en premier lieu, pour la France et son président. L'on se rappelle les nombreuses visites effectuées par les hauts dirigeants français à Alger dans le but de persuader les dirigeants algériens de prendre part au sommet du lancement de l'UPM à Paris en 2008. Outre le président français lui-même, Bernard Kouchner, ministre français des Affaires étrangères et européennes, a effectué des allers et retours pour persuader Alger d'y prendre part. Le climat froid qui caractérise les relations politiques entre Paris et Alger serait l'une des raisons qui ont poussé le Quai d'Orsay à «charger» la diplomatie espagnole de cette mission consistant à amadouer Alger et le Président Abdelaziz Bouteflika de participer aux joutes catalanes.