N'étant ni poétesse ni écrivaine, elle a eu recours au métier qu'elle maîtrise le mieux, l'image. La Maison de la culture Mouloud-Mammeri a abrité, la semaine dernière, une exposition de photographies d'art réalisée par une jeune mais talentueuse photographe, Farida Chikhi. Cette dernière avait un besoin pressant de s'exprimer. N'étant ni poétesse ni écrivaine, elle a eu recours au métier qu'elle maitrise le mieux, la photo. Des dizaines de visiteurs de l'établissement culturel de Tizi Ouzou ont eu droit à une sélection de photos qui disent la vie sous toutes ses facettes. Des images qui reflètent la nature et les hommes et qui racontent l'innocence volée aux enfants. «Au départ, je n'ai pas pensé qu'un jour j'exposerai mes photos au public, pour moi c'était juste un métier que j'ai exercé et que je continue à exercer avec passion», raconte Farida Chikhi entourée de deux visiteuses. Cette dernière estime que c'est bien plus tard que le désir de s'exprimer à travers la photo est né chez elle. Pourtant, depuis sa tendre enfance, elle se sentait attirée systématiquement par les images qui représentaient pour elles plus que des représentations, mais des rêves brisés ou à concrétiser. Cet amour pour l'expression par l'image n'a pas cessé de grandir en son for intérieur. Puis vient l'incontournable formation dans un institut près de Tizi Ouzou. C'est là que le rêve d'enfance devient réalité. Farida Chikhi, comme un véritable chasseur prend son «matériel» et va à la quête de ce que mille et un mots ne peuvent dire. Après avoir visité des tas d'expositions de photos et plusieurs sites Internet spécialisés dans la photo artistique, Farida Chikhi décide enfin de réaliser des photos autres que celles qu'elle a l'habitude de faire dans le cadre de son travail de photographe. Depuis qu'elle a effectué sa formation, en 2007 qui lui a été d'un grand apport, Farida Chikhi a énormément évolué et elle propose, aujourd'hui, des photos qui ne ressemblent point à celles de ses premiers pas. Notre interlocutrice reconnaît qu'avec l'avènement de l'informatique, le domaine de la photo a pris un sacré coup et souvent les photos font l'objet de retouches et de montages qui ne laissent pas une grande part au côté artistique du photographe. Mais elle reste optimiste quand même: «La vraie photo, naturelle et sans retouche ni montage, est la seule qui peut vraiment être expressive et quoi qu'il en soit, on peut toujours reconnaître une photo authentique et une photo retouchée. La photo authentique a une âme contrairement à l'autre», explique-t-elle. Pour elle, traiter des photos avec le photoshop est synonyme de trahison à la prise de vue d'origine. Et d'ajouter, il est vrai qu'aujourd'hui, il est rare de trouver une photo naturelle. Farida Chikhi ne cache pas sa joie devant l'affluence du public sur son exposition et l'appréciation que fait ce dernier de son travail. Mais elle garde les pieds sur terre, car elle sait que la photo est un domaine très difficile, en plus du fait qu'il ne nourrit pas son homme. «Pour l'instant je suis préoccupée par le souci de mieux maîtriser les techniques de la photographie et mon rêve est de prendre des photos de mon pays et les présenter à l'étranger», dit-elle, confiante. Notre interlocutrice regrette que les photographes d'art ne soient pas structurés dans une association afin de pouvoir effectuer des échanges, mais aussi pour initier de grandes expositions de photos, à l'image de ce qui ce fait dans d'autres pays. Comme on peut le constater, cette jeune femme du village Aït Ouchène, près d'Aghrib, dans la wilaya de Tizi Ouzou veut aller loin. Parmi les travaux qu'elle a effectués, on peut citer un reportage photographique au niveau du parc zoologique de Ben Aknoun qui lui a permis de développer ses capacités techniques ainsi que son imaginaire. Que lui a apporté la photo? «Elle m'a appris le travail avec patience, mais aussi le respect des gens et de la nature. Etre compréhensive à l'égard des autres, avec au bout, une énorme sensation de liberté et de responsabilité».