Les négociations entre Israël et l'Autorité palestinienne avaient repris le 2 septembre à Washington, sous l'égide du président Obama et suspendues sine die le 26 septembre après la fin du moratoire israélien. L'administration américaine continue de déployer d'intenses efforts pour relancer le processus de paix au Proche-Orient, malgré le sentiment croissant d'une impasse entre les parties. «Nous sommes arrivés à un obstacle et nous essayons de le surmonter», a sobrement déclaré vendredi Philip Crowley, le porte-parole du département d'Etat, ajoutant pour les plus sceptiques: «Nous n'avons jamais pensé que ce serait facile». Les négociations entre Israël et l'Autorité palestinienne avaient repris le 2 septembre à Washington, sous l'égide du président Barack Obama. C'est le désaccord sur la poursuite de la colonisation juive en Cisjordanie qui a provoqué leur arrêt prématuré. Et cette semaine, l'annonce de la construction de nouveaux logements israéliens à Jérusalem-Est occupée a encore envenimé la situation. Depuis, Barack Obama, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton et l'émissaire George Mitchell répètent inlassablement, au mot près, que «les négociations directes entre les parties sont le seul moyen de résoudre toutes les questions au coeur du conflit». Jeudi à New York, Mme Clinton s'est entretenue pendant plus de sept heures avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, dont cinq heures en tête-à-tête. Leur rencontre a porté sur «la création des conditions d'une reprise des négociations directes» entre Israël et les Palestiniens, selon un communiqué conjoint aux termes vagues, et qui ne mentionne pas les colonies. «Ne confondez pas ce que nous diffusons publiquement avec ce qui est discuté en privé», a suggéré M.Crowley: «La rencontre a été productive». Les analystes interrogés n'en sont pas moins pessimistes. Pour Marina Ottaway, «le processus est désormais complètement bloqué. Les discussions ne reprendront pas». «Il est de plus en plus clair que Netanyahu ne bougera pas», car cela provoquerait la chute de sa coalition, ajoute la chercheuse, directrice d'études à la fondation Carnegie. Aaron David Miller, un ancien négociateur de paix américain qui a rejoint le groupe de réflexion Woodrow Wilson, pense que l'administration a fait une erreur tactique en se concentrant sur la question des colonies, et critique «un énorme gaspillage de temps et d'énergie». Mais l'administration y croit encore, assure Nathan Brown, un expert de l'université George Washington: «Quand la secrétaire d'Etat passe autant de temps dans une seule réunion avec le chef d'un gouvernement étranger, ce n'est pas un signe de renoncement». M.Brown s'attend que les efforts américains pour ressusciter le dialogue israélo-palestinien continueront jusqu'à la fin de l'année. En cas d'échec, l'Amérique «devra retourner à la planche à dessins». L'une des options agitée à Washington serait de proposer un plan de paix américain. Au risque, avertissent certains, de soumettre les deux parties à une pression trop forte et donc contre-productive. Une autre possibilité serait de se contenter de gérer le conflit sans travailler activement à la paix, comme l'avait fait l'ex-président George W.Bush au début de son mandat. Les Palestiniens pourraient trancher ce débat en prenant eux-mêmes l'initiative. Le négociateur palestinien, Saëb Erakat, a ainsi déclaré vendredi que si les Etats-Unis ne parvenaient pas à imposer à Israël l'arrêt de la colonisation, les Palestiniens pourraient leur demander la «reconnaissance de l'Etat de Palestine dans ses frontières de 1967».