L'Algérie offre des opportunités au moment où la situation économique dans le monde est en dégradation, selon le ministre des Finances. Le développement «non maîtrisé» des importations risquait de mettre en péril la production locale en Algérie et les «perspectives d'investissement». D'où la nécessité, selon le grand argentier du pays, Karim Djoudi, d'opter pour de nouvelles règles du jeu. Le ministre des Finances a tenté, dans un entretien publié jeudi dernier, accordé à Jeune Afrique une revue panafricaine, de justifier les raisons des mesures restrictives sur le commerce extérieur, validées par le gouvernement depuis près de deux ans. Autrement dit, ce responsable a essayé de donner les raisons d'une nouvelle politique économique jugée trop protectionniste par certains opérateurs étrangers. Le marasme économique qu'a vécu l'Algérie depuis la fin des années 1980 et l'échec des nombreux plans de restructuration ont imposé l'adoption d'une nouvelle stratégie de consolidation de la croissance pour «rattraper les retards accumulés». «Il fallait relancer la machine économique au travers de la dépense publique. Mais comme nos entreprises étaient déstructurées, cette dépense s'est orientée vers les importations. Nous espérions que les fournisseurs allaient investir localement et produire de la richesse. Cela n'a pas été le cas», a-t-il expliqué. La démarche choisie par le gouvernement «part d'un contexte historique pour répondre à des besoins de transfert de technologies et de savoir-faire, de modernisation de l'économie, le tout sous-tendu par une conjoncture internationale de déprime économique où nous avons la chance de disposer de capacités de financement et de relance de la demande interne», a-t-il noté. Questionné sur le bilan des nouvelles dispositions adoptées depuis 2009 avec la loi de finances et consacré les autres textes qui ont suivi, Djoudi reste optimiste. «Le bilan des nouvelles mesures est éloquent: une bonne croissance en 2008, fortement consolidée en 2009; une inflation stabilisée; des ressources externes qui n'ont pas fondamentalement diminué; un endettement externe quasi nul... et une épargne publique, représentée par le Fonds de régulation des recettes, évaluée à près de 48% de notre PIB et qui a sensiblement augmenté», a-t-il répondu. L'interviewé a également cité comme exemple les importations qui enregistrent une courbe descendante. «L'introduction des nouvelles mesures a permis d'infléchir cette courbe avec une stabilisation en 2009 et un recul sensible attendu pour 2010», a-t-il avancé. La réduction de la facture des importations est le premier objectif tracé par le gouvernement en optant pour cette nouvelle politique économique. Quant aux investissements directs étrangers, M.Djoudi a fait remarquer que «toutes les économies basées sur les IDE et les transferts ont été sévèrement touchées par la crise, qui a provoqué leur reflux». «Nous sommes conscients que ceux qui ne nous regardent que comme des consommateurs sont déçus», a ajouté le ministre. De nombreux opérateurs étrangers ne cessent d'évoquer leur inquiétude quant à l'instabilité de l'environnement des affaires en Algérie. Dans cette interview, Karim Djoudi est revenu sur le rachat de la filiale algérienne d'Orascom Telecom Holding. Le ministre a indiqué qu'un «avis d'appel d'offres international est rendu public, lançant officiellement l'opération».