Ce fonds bénéficiera d'un numéro vert, le 302. Le projet de création d'un fonds national de lutte contre le cancer a été adopté, hier, à l'APN. Ce fonds aura une ligne téléphonique spéciale. Pour bénéficier de ses prestations de service, les concernés n'auront qu'à former le numéro 302. L'Etat prendra en charge, en grande partie, son financement. Aussi, il bénéficiera d'autres sources d'aide qui restent à définir. «Ce fonds est la pierre angulaire du Plan national de lutte contre le cancer que nous venons de lancer», a déclaré Djamel Ould Abbès, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, à la presse, à la fin de session parlementaire consacrée à la présentation et l'adoption du projet de loi de finances 2011. C'est un véritable plan d'attaque que le département d'Ould Abbès a préparé pour combattre «ce fléau social». Il comprend trois phases: la détectabilité prématurée de la ma-ladie, la sensibilisation et la prise en charge effective. Ce dernier point constitue une préoccupation majeure pour M.Ould Abbès. «Notre parc national manque de 57 appareils de radiothérapie», a révélé le ministre. Aussi, il a déclaré que 20.000 malades sur les 28.000 recensés à l'échelle nationale ne sont pas en mesure de répondre aux exigences financières de leur prise en charge. Face à cette situation, le ministre a précisé que des bureaux du Fnlcc (Fonds contre le cancer) seront ouverts dans les différentes daïras du pays. En outre, il a indiqué que l'Etat est disposé à équiper les hôpitaux et centres de santé du pays de ces appareils Il a, également, affirmé que des techniciens spécialisés en appareils de radiologie seront formés. «Ils seront formés dans le cadre d'un partenariat avec l'Agence internationale de l'énergie nucléaire», a précisé M.Ould Abbès. Rappelons que le cancer tue 3500 Algériens chaque année. C'est ce qui ressort de la rencontre d'information et de sensibilisation sur cette pathologie qui a eu lieu le 19 mai dernier à Jijel. Avec pas moins de 9000 nouveaux cas enregistrés cette année, les fumeurs constituent les principales victimes de cette maladie, selon les spécialistes. Ces derniers ont tiré la sonnette d'alarme sur ce phénomène qui connaît une hausse sensible parmi la population féminine. Le cancer du sein figure également parmi les facteurs augmentant la morbidité liée à cette pathologie en Algérie. Chez les femmes, on enregistre 26,7% de cancer du sein et 10,2% du col de l'utérus. Chez les hommes, il n'est pas surprenant de savoir que 12,7% de l'ensemble des cancéreux recensés souffrent d'un cancer des poumons (tabac) et c'est là que prennent toute leur importance les actes de prévention, de dépistage et de diagnostic précoce. Des chiffres, pour le moins inquiétants. Il reste que le cancer du sein est le premier cancer de la femme en Occident, au Maghreb et en Algérie, a souligné, lors de cette rencontre, le Dr Nacéra Benoumechiara, sénologue au Centre Pierre et Marie-Curie (Cpmc) d'Alger. Cette spécialiste a expliqué, dans une intervention présentée dans le cadre de la caravane initiée par l'association El Amel (l'Espoir) et le Cpmc pour le «mois de lutte contre le cancer du sein», les origines du cancer du sein chez la femme et les différents facteurs de risques (hormonaux, génétiques). Elle a précisé que cette pathologie se présente sous deux aspects: l'un sporadique dans 90% des cas, et l'autre génétique dans 5 à 10% des cas. Elle a ensuite insisté sur les consultations d'oncogénétique, mises en place, par ailleurs, au Cpmc. Les spécialistes ont également passé en revue les symptômes, les personnes à risque, les facteurs de risque, la cause, l'évolution, la prévention, les traitements médicaux et le dépistage. 7000 nouveaux cas par an et plus de 3000 décès sont dus à cette maladie. Face à cette situation, le gouvernement entend agir avec vigueur. «Nous déclarons la guerre au cancer», a déclaré Djamel Ould Abbès.