Présenté comme le fruit d'une négociation entre Irakiens, l'accord de partage du pouvoir en Irak est surtout le résultat des influences étrangères, en particulier de l'Iran et des Etats-Unis, estiment des experts irakiens. En ouvrant la voie à la formation d'un gouvernement, cet accord, que des députés de l'ensemble des factions irakiennes ont confirmé samedi au Parlement, doit permettre de sortir d'une crise institutionnelle de huit mois dans un pays encore loin d'être stabilisé sur le plan de la sécurité. Il est intervenu mercredi soir après trois jours d'âpres négociations entre les principaux dirigeants irakiens, rassemblés à l'initiative du président de la région autonome du Kurdistan, Massoud Barzani. Pour le politologue irakien Ihsan al-Chammari, «il faut voir l'accord comme le compromis entre acteurs régionaux et internationaux», principalement Téhéran et Washington. Cette équation ressemble beaucoup à celle qui a permis la formation d'un gouvernement au Liban, il y a un an, mais les acteurs étaient la Syrie et l'Arabie Saoudite. «L'Iran, qui a longtemps contrecarré les efforts des Etats-Unis pour qu'un gouvernement soit formé, semble désormais plus flexible, car il veut mettre en sommeil le dossier irakien pour se concentrer sur les négociations relatives à son programme nucléaire», affirme-t-il. Interrompues depuis un an, les discussions sur l'épineuse question du nucléaire iranien devraient reprendre début décembre entre Téhéran et les six puissances qui suivent le dossier. «Les Etats-Unis et l'Iran cherchent à pousser l'Irak dans leur camp et ce qui s'est passé à Baghdad n'est que le reflet de leur rivalité», a confirmé sous le couvert de l'anonymat un député de la liste Iraqiya de l'ex-Premier ministre Iyad Allawi. «Ils veulent garder leur influence sans s'impliquer davantage dans le problème irakien car ils ont d'autres questions à traiter», a-t-il dit, en allusion au dossier nucléaire. Les Etats-Unis ont pendant plusieurs mois préconisé la formation d'un gouvernement incluant l'ensemble des tendances irakiennes, y compris la minorité sunnite, qui a largement soutenu la liste Iraqiya. Au final, le Kurde Jalal Talabani a été réélu président et devrait charger formellement la semaine prochaine, après la fête de l'Aïd al-Adha, le Premier ministre sortant chiite Nouri al-Maliki de former un nouveau gouvernement. M.Allawi, qui a longtemps convoité le poste de Premier ministre, devrait hériter d'une nouvelle entité dotée de pouvoirs exécutifs.