«Indignez-vous» est le titre de ce livre dans lequel M.Hessel défend l'immigration et réitère ses engagements pour la cause sahraouie. Le ministère de l'Immigration saute et une triste réalité refait surface en France. La politique de l'immigration choisie, menée tambour battant par le président Nicolas Sarkozy, est un échec. Cette même politique soulève des vagues de contestation dans les milieux intellectuels français. Cette fois-ci, c'est le diplomate français, Stéphane Hessel, l'un des rédacteurs de la Déclaration universelle des droits de l'homme, qui est monté au créneau. Cet intellectuel est revenu longuement, jeudi, sur le livre qu'il vient de publier. «Indignez-vous» est le titre de ce réquisitoire sans équivoque à travers lequel, l'auteur s'attaque à la politique française de l'immigration. En outre, il réitère ses engagements pour la cause sahraouie et la question palestinienne. Dans un entretien à l'hebdomadaire Politis, ce citoyen du monde «juge très sévèrement, la politique d'immigration de la France». Il a rappelé qu'en 1985, il a présidé une commission sur l'immigration avec la volonté de faire de la France «un pays multiculturel». M.Hessel a, également, soutenu qu'il est très critique sur la politique qui est appliquée en France. «Nous pourrions donner l'exemple d'un forte politique d'intégration.», a-t-il estimé. Le diplomate a soutenu que les politiques françaises de l'immigration ont été dictées par la peur. «Si l'immigration pose un problème, ce sont ces problèmes qu'il faut essayer de résoudre et non pas répondre par des expulsions», a-t-il soutenu. Et de trancher: «Nous devons bâtir une société dont nous soyons fiers, pas cette société des sans-papiers, des expulsés, et des soupçons à l'égard des immigrés. Pas une société où l'on remet en cause les retraites, les acquis de la sécurité sociale, pas cette société où les médias sont entre les mains des nantis, toutes choses que nous aurions refusé de cautionner si nous avions été les véritables héritiers.» L'intelligentsia française désavoue la politique de l'immigration choisie. Laquelle politique est décriée, notamment sur le plan de l'emploi. Les enfants d'immigrés du Maghreb ont de moins en moins de chance de trouver un emploi au pays des droits de l'homme. Le constat est frappant: être français de souche tend à devenir un critère de recrutement au sein des entreprises françaises. C'est ce que révèle une étude de l'Institut national des statistiques économiques et sociales (Insee, en France). Cette étude met le doigt sur la discrimination que subissent les enfants d'immigrés au sein de la société. Cette fracture sociale s'est accentuée depuis l'arrivée de Nicolas Sarkozy à la tête de l'Etat. Et les statistiques de l'Insee font foi. «En moyenne entre 2005 et 2009, 86% des hommes français âgés de 16 à 65 ans ont un emploi quand leurs deux parents sont français de naissance. Ils ne sont que 65%, quand au moins un de leurs parents est immigré et originaire d'un pays du Maghreb», précise l'Insee. Pour les hommes, l'écart de taux d'emploi est de 21 points. Côté femmes, l'écart est de 18 points (respectivement 74% et 56% de personnes en emploi).Ce document enfonce le clou en affirmant que le «déficit» d'emploi non expliqué par les différences de caractéristiques individuelles mesurées est de 14 points. Cette réalité remet au-devant les approximations induites par le débat sur l'identité nationale en France. Le président français Nicolas Sarkozy a estimé mardi soir que ce débat «a provoqué des malentendus et qu'il n'a pas été compris». Terrible aveu d'échec d'un président aux abois. En ce sens, M.Sarkozy a souligné que l'ancien ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale, Eric Besson, «n'est pour rien dans ces malentendus». Mieux, il a affirmé qu'il prend «l'entière responsabilité du débat». Une chose est sûre: la France des couleurs a du mal à s'affirmer sous la présidence de Nicolas Sarkozy.