Le projet de loi sur les hydrocarbures aura réussi à mettre tout le monde d'accord, mais contre lui. C'est demain que le ministre de l'Energie et des Mines compte défendre son projet de loi sur les hydrocarbures, lors d'une conférence de presse qu'il animera à la résidence Djenen El-Malik. Il s'agira beaucoup plus pour lui d'apaiser les esprits des travailleurs, du partenaire social et de tous les Algériens, tous préoccupés par le sort de l'entreprise, et de réaffirmer que Sonatrach n'est pas à vendre. Du moins, c'est ce qu'il n'a cessé de répéter depuis que l'opinion publique a pris connaissance du projet de loi en question et surtout de son objet qui porte, selon l'Ugta, les économistes et autres parties, sur le «bradage» puret simple de l'entreprise. Connaissant parfaitement la valeur, voire le symbole que représente Sonatrach pour tous les Algériens, le projet de loi de Chakib Khelil a suscité de vives réactions au sein de la population tout entière. N'étaient les interventions répétées des hauts responsables, dont le Chef du gouvernement, à plusieurs reprises pour exprimer leur opposition par rapport à la privatisation de Sonatrach, la situation aurait certainement pris des tournures plus graves. Pour sa part, le ministre de l'Energie ne ratera pas une seule occasion pour attester qu'il n'a jamais été question d'une quelconque restructuration et encore moins de privatisation. Selon lui, le problème est dû uniquement à une «mauvaise interprétation» du texte. Dans une interview accordée à la radio nationale en septembre dernier et rendue publique dernièrement, le premier responsable du secteur et de l'entreprise s'est longuement étalé sur la question pour affirmer qu'il ne s'agit pas plus de redéfinir le rôle de l'Etat en tant qu'agent régulateur et aussi la nécessité d'accorder à Sonatrach plus de prérogatives, notamment en matière de choix de ses partenaires. Le ministre précisera toutefois que l'Etat restera propriétaire de ses richesses et ce, même s'il l'on a souvent tendance à opter pour la concession, cette formule qui a fait couler beaucoup d'encre. A propos de la libération des prix des produits dérivés du pétrole (carburant et autres), annoncée également dans le projet de loi en question, le ministre avait indiqué que cette mesure qui se fera progressivement jusqu'en 2005, est incontournable surtout avec l'entrée prochaine de l'Algérie à l'OMC. Les retombées de l'inflation seraient, selon lui, plus néfastes que si l'on augmentait les prix d'un coup. Pour rassurer un tant soit peu les esprits - bien que l'entreprise ne soit pas de tout repos - M.Khelil indiquera que les prix actuels ne sont pas très loin des prix réels. Sachant que leur pays est parmi les plus grands producteurs de pétrole, il est bien clair que les Algériens auront du mal à accepter ces nouvelles augmentations. Reste à savoir si le gouvernement, qui aura à se prononcer sur le projet de loi, prendra en compte cette opposition populaire, et quelles en seront les conséquences dans le cas contraire.