“Tout le monde est d'accord sur la non-privatisation de Sonatrach. Quant à celle du secteur, elle a été faite en 1986 et 1991”, a déclaré le ministre de l'Energie et des Mines, hier, lors d'une conférence-débat sur l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures en réponse à ceux qui lui reprochent de vouloir, à travers son texte, privatiser Sonatrach. Il invite ses détracteurs à relire le projet de loi en question. Pour lui, son texte parle de démonopolisation du secteur de l'énergie et signale qu'“il n'est nullement question de privatisation de Sonatrach”. La société nationale des hydrocarbures, de son point de vue, bénéficie, dans le nouveau dispositif, d'une option de participation à toute découverte déclarée commerciale par un tiers à hauteur de 30% (équivalent au niveau qu'elle a actuellement dans ses contrats), sans prendre le risque d'exploitation et ne remboursant que le coût du puits de la découverte et des puits d'appréciation des réserves ainsi découvertes. Cette option assure à Sonatrach d'être présente dans toutes les découvertes réalisées par un tiers, en plus de celles qu'elle obtiendra à l'avenir et celles qu'elle contrôle actuellement sur ses propres périmètres (Sonatrach contrôle 43% du domaine minier dont la surface totale couvre 1,5 millions de km2). “Ce qui a été fait dans les années 70 était peut-être une bonne chose, en terme de développement de notre industrie nationale, mais nous sommes en 2002, c'est la globalisation, c'est l'engagement vers l'économie de marché, y compris en Chine”, affirme Chakib Khelil. C'est que, pour le ministre de l'Energie, le marché pétrolier et gazier a vu l'émergence de nouvelles régions de production, comme la mer Caspienne, qui concurrencent notre pétrole. “Notre pétrole n'est pas aussi cher qu'il l'était avant”, soutient-il. Du coup, pour Chakib Khelil, “l'Algérie est à la croisée des chemins”. Car, dit-il, “notre domaine minier est sous-exploré” (8 puits d'exploration par 10 000 km2, alors que la moyenne mondiale se situe à 100 puits). Le ministre a demandé à ses partenaires de proposer les clauses qu'ils souhaitent changer et comment les changer. “Au lieu de faire des déclarations, ils devraient plutôt énoncer les articles qui les dérangent”, indique Chakib Khelil. Le ministre de l'Energie affirme que, dans dix ans, “on pourrait regretter de n'avoir pas fait cette loi”. Pour lui, les années 70 sont révolues, “terminé”, dit-il. “Un bateau dans une tempête maintient le cap. On ne peut pas revenir en arrière”, ajoute-t-il. Le ministre de l'Energie affirme que “la libéralisation préconisée n'est ni totale ni sans restriction. Bien au contraire, l'avant-projet de loi prévoit une mise en place graduelle, évitant toute perturbation pour le citoyen”. L'article 7, selon lui, permet de déconnecter le prix interne de celui pratiqué sur le marché international, tout en permettant à l'Etat d'allouer des subventions directes par le Trésor public. Ces subventions doivent être fixées par le gouvernement. “Elles ne doivent pas aller vers ceux qui ne les méritent pas”, lance Chakib Khelil. Selon lui, ces subventions ont coûté 1,5 milliard de dollars. Au sujet de l'OPEP, le ministre de l'Energie, tout en affirmant que l'Algérie demeure disciplinée, pense tout de même que le statu quo “n'est pas dans notre intérêt”. À ce titre, la demande de l'Algérie d'augmenter son quota de production sera examinée lors de la prochaine réunion, nous dit-on. Concernant “sa double casquette” de ministre de l'Energie et de président-directeur général de Sonatrach, Chakib Khelil n'y voit aucun inconvénient. Il révèle, sans citer de noms, que même des syndicalistes cumulent des fonctions. “Certains sont même patrons d'entreprise”, affirme-t-il. Il ajoute, plus loin, que lui ne cumule pas de “fonctions contradictoires”. Pour lui, si les réformes “avancent très bien”, c'est parce qu'il y a un ministre à la tête de Sonatrach. Et ce n'est pas la première fois, soutient-il. Avant lui, il y avait Ghozali, Benabi… M. R.